Joli dimanche à toutes et tous. Je vous promets de lire vos nombreux commentaires (merci ! ) et d'y répondre aujourd'hui ou demain, surtout en ce qui concerne la fin de ma nouvelle. Ce matin il faisait si beau, si beau, que je me suis offert une promenade-pèlerinage : revoir des endroits qui n'existent plus ; saluer des gens qui ne sont plus. J'ai pris pas mal de photos sous un ciel très bleu. Certaines ne sont pas très originales, je ne sais pas si je les mettrai en ligne. D'autres ont suscité en moi beaucoup d'émotion.
Vous vous souvenez peut-être de la maison que j'avais photographiée il n'y a pas si longtemps et dont je disais qu'elle ne resterait pas debout très longtemps. Voilà ce qu'il en reste. Les photos que je lui avais consacrées, ici _▼_.
Ne demeure qu'un petit bout de son entrée, qui interdit de s'approcher du chantier. Je me souviens, lorsque je poussais le portail démantibulé après avoir sonné, et que la petite dame sortait sur le perron pour me saluer. J'ai raconté son histoire ici _▼_.
Je ne voulais pas rentrer tout de suite. Envie de marcher, de me vider la tête et de profiter de ce temps qui a tout du mois de mai. Je portais une veste légère, j'ai fini en tee-shirt, la veste sur l'épaule. En sortant de chez moi je n'avais vraiment aucune idée de là où je voulais aller. J'habite un village, on en a vite fait le tour, on tourne vite en rond, et je n'ai pas toujours le courage de descendre à Lyon qui n'est pourtant qu'à un quart d'heure environ de chez moi.
J'ai fini par me retrouver là, au cimetière, dans un coin que je n'avais pas encore exploré : le jardin du souvenir. Ici sont enterrés les indigents.
Sans famille ou pas, les indigents ont droit à leur jardin, et quelquefois même à une plaque gravée à leur nom. Une reconnaissance qu'ils n'ont peut-être pas eue de leur vivant. Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour voir apparaître son nom quelque part (non non, ce n'est pas de l'humour noir).
Je crois qu'ici reposent les petits enfants morts, morts-nés ou seulement âgés de quelques heures. Les petites tombes carrées sont couvertes d'anges, de cygnes et de fleurs blanches.
D'ici, on a une belle vue sur les montagnes, ne me demandez pas lesquelles, je n'en sais fichtrement rien ! C'est toujours pareil : des tas de gens essaient de m'expliquer qu'ici ce sont les Monts du Pilat, et là Saint-Martin en Haut, je m'intéresse, je dis oui oui mais je ne retiens rien de rien.
Ci-dessus, ce n'est certainement la plus belle photo que j'ai prise, mais c'est ma préférée. Parce que cette très vieille tombe abandonnée me touche particulièrement. Quand je déambule dans les allées d'un cimetière, je partage un peu de la vie des gens qui reposent là. Je fais leur connaissance en regardant leur photo, quelquefois je leur parle ou je dis quelques mots d'une prière. Quand le nom même des gens s'est effacé de la pierre, ce que je ressens est encore plus fort, parce qu'il y a la sous mes pieds des restes que les autres ont complètement oubliés. Personne ne vient jamais les voir, à fortiori fleurir leur tombe. Alors moi j'ai une petite pensée pour eux, parce qu'ils me communiquent une vraie émotion, et que cette émotion je ne l'éprouve nulle part ailleurs. Nulle part ailleurs.
Ici la section militaire, les soldats morts au combat. Ce ne sont pas des soldats inconnus : ils ont leur nom gravé sur les plaques et plus loin, sur les croix.
Sans doute ici la photo la plus réussie du lot, grâce au beau ciel bleu qui se reflète dans les vitres de la chapelle. Un effet miroir qui pourrait être la porte d'entrée d'Orfée, par laquelle il entre retrouver sa chère Eurydice, perdue pour lui et pour les vivants. Ne te retourne pas !
Plus classiques, mais embellis par le beau temps. J'aime : la grille rouillée qui cerne le carré d'herbe. J'ai toutjours eu une prédilection pour les vieilles choses, de préférence abandonnées. Quand je peux je les recueille. Ce n'est pas possible pour toutes, bien évidemment.
Ici, c'est un coin que j'aime beaucoup-beaucoup à cause de la couleur bleue. C'est une tombe très bien entretenue, jamais je n'ai vu la grille écaillée, jaunie, ou quoi que ce soit. La couleur bleue, audacieuse (mais spirituelle) fait merveille parmi tout ce blanc.
La même grille bleue mais cette fois vue à travers un portail du cimetière. Chaque fois que je longe le cimetière à pied ou en bus c'est elle que je vois, et j'éprouve alors une grande sérénité. C'est ce qui s'appelle : regarder la mort en face.
On finit sur deux ou trois clichés sans grand intérêt mais qui rendent l'atmosphère du vieux cimetière de Sainte-Foy. Certains sont enterrés là depuis plus d'un siècle. Et leur tombe est toujours fleurie.
On termine sur un contre-jour aveuglant. Je ne voyais strictement rien en prenant la photo.
Et ici, devant le cimetière, l'Atelier de Pierre, un fleuriste, artisan. J'ai repris la direction de chez moi. Gardien de cimetière, c'est un métier que je me verrais bien faire : soulager la peine des gens, leur donner un coup de main pour arroser leurs plantes, afficher l'échéance des concessions, sonner la cloche à 5 mn de la fermeture, et secourir ceux qui se sont laissé enfermer. Oui, ça me plairait bien.
Et par les anciennes ruelles m'imaginer faire un autre métier, recommencer ma vie, habiter un appartement ou une maison avec un bout de jardin pour le chat. L'espoir fait vivre, nous en avons tant besoin.