Premiers pas dans le théâtre à peu près désert. A Lyon, je n'ai jamais pris autant de photos qu'aujourd'hui. 60 en tout. Le temps s'y prête, et l'inspiration. L'enceinte est propre ... et rome antique. J'y sens le souffle du passé, très doux, à peine perceptible. Il est entre huit et neuf heures du matin.
Le théâtre est tout à moi. Ce qui me fait penser qu'il n'a pas de nom. On l'appelle le théâtre antique de Fourvière. Celui qui se trouve sur les pentes de la Croix-Rousse, à côté du Jardin des Plantes, est bien moins important que celui-ci ; pourtant il a un nom, lui : l'amphithéâtre des trois Gaules. C'est là que fut livrée Blandine au taureau.
Assez de place pour accueillir des milliers de spectateurs. Je n'ose imaginer à quels spectacles assistaient nos ancêtres. Du reste, en errant sur les terrasses caillouteuses et les degrés de pierre ce n'est pas cet aspect-là du passé qui me vient à l'esprit. Quand je caresse les murs éboulés, c'est comme si je touchais la main de quelqu'un qui si promenait il y a deux mille ans.
Témoins muets de l'Histoire, ces pierres ont vu ce que nous n'osons pas nous rappeler. Quoi qu'il en soit, le site endormi ne porte pas trace de violence. Il ne respire qu'une sérénité infinie.
La ville moderne et la basilique de Fourvière se profilent, toutes blanches, au-delà des ruines sombres. Sans doute ces pierres antiques ont-elles été blanches, elles aussi, à leur époque. Mais l'âge, les intempéries, la pollution, ont fait leur oeuvre. Et maintenant tout est noir et gris, sourdement habité par l'esprit des siècles reculés, et cette noirceur parle des flâneurs, des spectateurs, des esclaves et des bêtes, rassemblés quelques heures durant pour que la fête batte son plein et que s'accomplisse le destin. Je n'en suis qu'au tiers de ma promenade. A plus tard, donc.