Depuis quelques jours, c'est horrible, la mer me manque. Voilà deux ans que je ne l'ai pas revue, et je ne passerai pas une année de plus sans la voir. En attendant je peux toujours descendre à Oullins retrouver mon cher Yzeron et traîner du côté de La Saulaie, l'ancien quartier industriel. Parce que Sainte-Foy c'est bien mais il n'y a pas d'eau, sinon tout en bas de la Gravière où traverse la rivière.
Enfin me voilà au bord de l'Yzeron. Mais il n'y a plus de pont, à cause des travaux sur la rivière, et je dois crapahuter sur la berge herbeuse complètement détrempée par les pluies incessantes de ces derniers jours. Que ne faut-il pas faire pour approcher de près ce qu'on aime.
Une drôle de végétation noueuse et brune longe le cours d'eau. De petites mares s'y forment où se reposent de beaux canards, dont un qui bien sûr prendra la changeante à mon approche. On en voit une petite partie sur l'image ci-dessous.
Regardez-moi cette couleur, n'est-ce pas tout simplement sublime ? - C'est pour ça que j'aime l'eau, pour ses couleurs insaisissables de mercure liquide ou de petit lait. C'est la couleur de l'évasion, de la liberté, de la sérénité aussi. Ça fait un bien fou d'être auprès d'elle, à respirer le froid, tandis que les arbres perdent déjà leurs fleurs emportées par le vent de ces dernières semaines. Une parenthèse, et quelques roseaux à l'intérieur qui bercent leurs jeunes feuilles vertes.
Il me faut encore patauger dans la gadoue avant d'arriver à l'escalier qui monte vers le pont d'où je gagnerai le vieux quartier de La Saulaie.
Cette rivière qui serpente dans l'herbe, je l'adore. Du temps où j'habitais à Oullins elle me causait bien des soucis parce qu'elle entrait souvent en crue, inondant le transformateur qu'un ingénieux ingénieur avait placé là, tout près de la rivière. L'électricité se coupait des heures durant. Au mois de décembre 2003 la panne a duré 24 heures pendant lesquelles nous n'avions ni lumière ni chauffage. On avait évacué les habitants de l'Yzeronne. Les rues alentour étaient noyées, ainsi que les garages et les jardins des riverains.
C'est à partir de là qu'Oullins change de visage : la grande roue de coupe qui a creusé le tunnel marque le territoire du métro. Elles est géante ! ... et encore on n'en voit ici qu'1/5ème. En plus on l'a bien repeinte, voilà à quoi elle ressemblait lorsqu'elle était à l'oeuvre _▼_. Impressionnant, non ?
La roue de coupe fait s’effondrer le mur de béton marquant la fin du tunnel à Oullins / Photo Stéphane Guiochon
C'est proprement hallucinant : à quelques mètres de La Saulaie pleine à craquer de bicoques à moitié pourries, s'étalent sous nos yeux ébahis d'immenses espaces vides, à perte de vue !
Depuis le 11 décembre 2013, Oullins est desservie par la ligne B du métro lyonnais à la station Gare d'Oullins2, qui est complétée par un pôle multimodal de transports, avec un parc relais, une gare de bus, une station de vélos et une de taxis.
En 2023, dans le cadre du prolongement du métro, une seconde station, Oullins Centre, sera construite sous la place Anatole-France, face à l'Église Saint-Martin.
J'entre à La Saulaie. Les couleurs se réchauffent. Juste en face de l'immense place au métro n'est qu'un pont de fer qui enjambe le canal et conduit au très vieux quartier industriel, mémoire vive du passé d'Oullins, matérialisée dans l'usine désaffectée, sur les quais surgis d'un autre siècle. Notre prochain numéro se proposera d'explorer La Saulaie, le plus vieux quartier d'Oullins qui vit, hélas, ses dernières heures. A suivre.