Sète, mon euphorie
J'avoue ... de retour de Sète j'ai eu un peu de mal à mettre en ligne mes photos et mes impressions, comme si cette part de rêve, j'avais voulu la garder rien qu'à moi, sur mon coeur. Dans ma tête j'étais, et je suis encore, là-bas. Parce que ... à Lyon est MA vie ; à Sète est LA vie. Tous ces goélands qui font un boucan d'enfer en s'abattant sur les quais. Toutes ces barques, tous ces bateaux. Je n'aime pas tant la mer que les bateaux, je crois. Dès que j'ai été en âge de conduire, je n'avais qu'une idée en tête : passer mon permis bateau. Mais tout mon argent partait dans les voyages : Grèce, Sicile, Maroc, Israël ... Encore la mer, toujours la mer. Et le soleil. A Sète il faisait si chaud que je me baladais en pull. Et le pull était encore de trop !
Mais assez parlé de moi. On continue notre exploration de la Pointe Courte à Sète, repaire de pêcheurs et de chats tapissé de filets bruns qui sèchent au soleil.
Par endroits, la sympathique Pointe Courte prend des airs de décharge publique. Si vous n'aimez pas le souk, si vous n'aimez pas les chats, ne vous aventurez pas dans ce tout petit quartier Nord de Sète, car vous y perdrez votre latin !
Sète, nous y allions en famille quand j'étais enfant. J'ai peu de souvenirs de cette époque-là. Quand j'ai décidé d'y retourner au mois de mars 2013, il m'est sauté aux yeux que Sète était bleue, tellement bleue qu'il est bon de retrouver, après coup, la foisonnante verdure de Sainte-Foy-lès-Lyon. J'ai besoin des deux. De la lumière lyonnaise, qui est la même qu'à Prague. De la lumière mouvante de Sète, sur la mer et sur l'étang de Thau.
On ne le voit pas bien sur les photos mais croyez-moi sur parole : un chat tigré rêve de choper les aigrettes et les goélands perchés sur les filets. Je lui ai dit qu'il avait peu de chances d'attraper un oiseau plus gros que lui mais il ne m'écoutait pas, trop occupé à surveiller ... l'idée d'un festin de roi.
Sur toute la Pointe Courte il y a plein de petits messages drôles comme celui-ci. C'est un de ses traits de caractère : l'humour. C'est d'ailleurs, me semble-t-il, le trait de caractère de tous les Sétois. Le couple à qui j'ai demandé mon chemin pour me rendre sur la Pointe Courte n'arrêtait pas de se marrer. Je leur ai demandé s'ils étaient "d'ici" - "Un peu" ma répondu l'homme en rigolant. Ils se marraient encore en traversant au feu rouge.
On n'est qu'à la mi-février, visez-moi cette lumière ! Peu de vent. Les conditions sont idéales pour flâner, explorer, photographier, et se sentir revivre après les épreuves de ces derniers mois.
Les prémices du printemps, ici, me donnent la sensation de toucher au paradis, en même temps qu'ils me ravalent dans ma lointaine enfance. Tout au long de ces heures passées à arpenter l'île bleue, il m'a semblé que papa et maman se tenaient à mon côté pour me guider et me protéger.
Je déplore souvent que les cartes postales ne soient pas un peu plus brouillon, dans l'esprit des paysages que je croise ici. Tout est si politiquement correct sur les cartes postales : le ciel est bleu, les maisons bien rangées, tout est passé à la moulinette sur Photoshop pour que rien ne dépasse alors même que la beauté, c'est le grand n'importe quoi de la vie prise sur le vif, comme ici.
Association Pattes de Velours, Protection des Chats Errants et Abandonnés
L'adoption est un acte réfléchi. L'animal n'etant pas un objet pour faire plaisir à l'enfant ou pour offrir en cadeau, nous vous demandons donc de bien réfléchir avant de prendre votre décisi...
Sur la première photo, le chat jaune a le bonheur d'avoir un foyer bien à lui. Sur celle du dessous, trois chats de l'association Pattes de Velours, sur la digue Georges Brassens, qui héberge et nourrit les chats errants. Il y a beaucoup trop de chats abandonnés à Sète, des chats âgés qui n'auront jamais la chance de trouver un adoptant, des chats très jeunes qui ne connaîtront sans doute jamais la douceur d'un foyer. Ils sont peut-être trente, quarante, à compter sur les bons soins d'une dame qui, à mon arrivée, retapait les petits couchages. C'est aussi elle qui garnit les gamelles de croquettes et d'eau fraîche. Après avoir pris conscience de l'énormité de sa tâche j'ai laissé ma petite obole. J'ai trouvé ces chats tous plus beaux les uns que les autres, allez les voir sur le site Internet de l'association ▲. Pour la plupart farouches et méfiants, certains s'approchent et cherchent les caresses. Ce sont en général les plus jeunes, qui n'ont pas encore appris la prudence.
C'est ici que je quitte la pointe Courte, autour de dix heures du matin. Le pêcheur à casquette rouge qu'on aperçoit assis dans son antre me fait un petit signe de la main avec un grand sourire en me voyant prendre en photo son installation pour le moins insolite. C'est ce qui fait aussi le charme de la Pointe Courte : ici, on ne dérange personne. Les pêcheurs saluent cordialement les visiteurs et reprennent leur activité. On est libre de se promener partout sans se sentir observé. Le maître mot, sur la Pointe Courte, c'est la gentillesse.