En regardant le captivant Interstellar de Christopher Nolan hier soir, j'ai compris que je me passionnais pour l'espace. Oh ce n'est pas nouveau. L'espace me fascine, parce que je ne le comprends pas. Ma grande question restée sans réponse en ce jour : où est l'espace ? Plus précisément : dans quoi est l'espace ? Car toute chose se trouve dans son contenant n'est-ce pas. Moi par exemple : je suis dans mon appartement qui est dans une rue qui est dans une ville qui est dans un pays qui est sur la Terre. Mais l'espace, dans quoi est-il ? Et la chose sans nom qui contient l'espace, dans quoi se trouve-t-elle ?
Au-delà de ces questions sans réponse j'éprouve depuis peu de la reconnaissance vis-à-vis de ces grands films qui, en plus d'être sidérants, me réconcilient avec l'existence. Oh, non pas qu'ils lui donnent un sens, car il est si terriblement inepte que nous soyons la seule forme de vie dans l'univers. Pourquoi existons-nous ? Pourquoi, puisque il nous faut passer. Que somme nous dans l'immensurable univers ? Disparaîtrons-nous comme les dinosaures ? - Auquel cas, qui se souviendra de nous ? A quoi rime notre passage sur Terre ?
Mais quand je regarde ces films je ne manque jamais de me dire : que l'Homme est petit en regard du vaste Univers sans limites, mais qu'il est grand aussi pour avoir tenté de l'appréhender. Nous faisons partie de ce Tout si ténébreusement opaque. Et cet univers avec ses planètes en équilibre au milieu de nulle part, qui tournent sur elles-mêmes avec la régularité de l'horloge, n'est-il pas la preuve en soi que rien n'est véritablement voué au néant ?
Dans ces films, du moins dans Gravity et Interstellar, l'Homme se mesure à l'espace. Il le combat, le domine et se rend maître de sa propre destinée, au même titre que les planètes affrontent et surmontent implacablement les accidents cosmiques. C'est un message de force surhumaine que nous délivrent ces images incroyables. Perdu dans l'espace sans limites l'homme va au-delà de ses propres limites. Et c'est comme si tout était orchestré par une Main que certains nomment Dieu. Je ne sais pas si je crois en Dieu. Je le sais de moins en moins. Mais je crois qu'une force supérieure nous a créés, nous protège, et nous fait passer de vies en vies. Je crois que s'il n'existait pas cette force supérieure, l'univers se serait effondré sur lui-même depuis bien longtemps. Il ne serait même jamais organisé comme il l'a fait.
Le film Interstellar nous propose une fin pour le moins sidérante axée sur le mystère du temps qui fait que nous sommes ici maintenant et là plus tard en même temps. Ce temps est visuellement représenté par une lourde architecture de barres qui structurent l'univers et rappellent ostensiblement, du moins à mes yeux, la lithographie Cubic Space Division de M.C. Escher. Et cet astronaute coincé dans ces barres derrière les livres de la bibliothèque qui se regarde dire adieu à sa fille, laquelle le conjure de rester, est un morceau d'anthologie proprement hallucinant. On adhère ou pas à cette plongée dans le délire qui ressemble à l'agonie d'un homme perdu dans l'espace. Mais l'audace de cette scène absurde à nos yeux qui avons les pieds sur terre, laisse espérer que nos morts sont quelque part, et qu'ils nous parlent, et que rien n'est définitivement perdu.
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Melancholia : la beauté à l'état pur - Le blog de Kiki, Félix et Thaddée ↫
La planète Melancholia s'approche dangereusement de la Terre Je n'ai pas pour habitude de parler cinéma. Du moins pas trop. Le film qu'a diffusé Arte hier dans la soirée faisant exception dans ...
http://papier-de-verre.over-blog.com/2014/11/melancholia-la-beaute-a-l-etat-pur.html
Mon article sur Melancholia, le 17 novembre 2014
Ces trois films nous offrent des scènes pour le moins inoubliables. Je me rappelle que les premières images de Melancholia, portées par la déchirante musique de Wagner, me scotchaient sur mon siège tant leur irréalité profondément morbide était synonyme de fin du monde et partant, fin de l'humanité. La fin tout autant, si désespérément tragique. Mais le coup de couteau dans le cœur je l'ai reçu quand Charlotte Gainsbourg regarde par sa lorgnette de fortune en espérant que la planète Melancholia a disparu de son horizon visuel ... et que nous découvrons avec elle, dans un choc physique et nerveux insurmontable, qu'elle s'est au contraire rapprochée de la Terre, signe qu'elle va la percuter dans les heures qui suivent.
Dans Gravity, deux scènes-choc qui me laisseront un souvenir indélébile. La première, quand Sandra Bullock, seule à bord dans sa capsule, et dans le silence assourdissant de l'espace, entend tout à coup rire un homme de la Terre ... Et la seconde, quand elle se remet debout après s'être traînée sur le rivage, et que ses pieds pèsent du plomb.
Enfin, dans Interstellar, c'est le moment terrifiant où les astronautes, descendus sur une planète recouverte d'eau, aperçoivent une montagne ... qui n'est pas une montagne mais une vague géante. Et c'est à vous glacer le sang.
Tout ça pour dire ... Oui l'Homme est petit, mais ses combats sont grands, et sa volonté de vivre est plus forte que le plus noir, le plus dangereux des ennemis : je ne parle pas de l'espace ; j'ai nommé la mort.