Un - deux - trois - soleil
Par un temps clair et froid, de passage ce matin à La Saulaie pour un petit shooting revigorant. La lumière est on ne peut plus photogénique. L'eau s'habille de reflets dorés pour donner à ce quartier laissé pour compte et défavorisé sa valeur décalée de ghetto.
Maintenant qu'on ne traverse plus la voie ferrée, en fait depuis l'arrivée du métro il y a quelques années, et qu'on accède à La Saulaie par un souterrain, le quartier déjà très isolé s'en trouve coupé du reste d'Oullins (dans le Rhône, près de Sainte-Foy-lès-Lyon).
C'est peut-être un peu plus sale que lors de ma dernière visite. Il y a des tags sur les façades, des tas d'ordures au pied des murs. Les peintures défraîchies se fanent toujours davantage à la faveur du temps qui passe et des intempéries.
Même si à Lyon nous ne sommes pas inondés comme certaines autres régions, la pluie n'a eu de cesse de tomber tous ces derniers jours. Quand il s'arrête de pleuvoir, le vent souffle à 80 km/h ou bien le ciel est désespérément gris. C'est pour cette raison qu'à l'annonce de beau temps en ce dimanche 28 janvier, je me promets de faire une promenade. Et sans hésitation c'est La Saulaie qui se trouve élue de mon coeur.
Les grands pylônes font partie du paysage. La Saulaie, ce monde à part, se compose de ferraille et d'eau. C'est ce qui fait son identité, ainsi que les usines désaffectées, témoins de son passé ouvrier. La Saulaie a le charme suranné des poésies romantiques.
De contre-jours en bâtiments vides et fermés, La Saulaie décline son insolite beauté. Je crois que j'aime de plus en plus ce quartier. D'ailleurs des appartements sont à louer. Cela me plairait assez de vivre là, avec vue sur le canal. J'ai besoin d'eau autant que d'air.
L'hiver lui va bien, les volets fermés, les dernières feuilles mortes, les arbres au tronc blanc, les pierres moussues, le ciel argenté dans l'eau qui déambule indifférente. Pas un chat. Juste un promeneur sur le quai d'en face, qui m'observe et passe son chemin.
I and I love the island in the sun
I and I know when and where I go
But it is so hard to feed my kids
But it is so hard to stand the ghetto
Mes piles sont à plat et même si j'en ai d'autres de rechange je range mon appareil. J'ai fait le tour de ce que je voulais voir, de ce que je voulais prendre et de ce que je voulais vous donner.
La Saulaie, seule, pouvait correspondre à mon état d'esprit du moment. A toutes à tous je souhaite un doux dimanche, peut-être avec quelques éclaircies qui vous donneront envie de vous promener. J'essaierai de me bloquer un moment cet après-midi pour répondre à vos commentaires et vous rendre visite. A bientôt donc, Kiki Félix et moi on vous embrasse. Félix mange bien ses croquettes pour la thyroïde, mais il hurle la nuit et me déchire mes pantalons en me chopant avec sa griffe. Et il ne faut pas que je le gronde parce que Kiki n'est pas d'accord. Ne me demandez pas qui commande à la maison ...