Le temps passe pour tout le monde, père.

Et c'est parti, un conte de fin d'année, bien triste je le confesse, mais aussi merveilleux, comme tous les contes pour enfants. Ce que j'en retiens : les paysages, enrichis de lumière et de senteurs comme seuls savent l'être, peut-être, les pays d'Orient. Mais aussi le noblesse et la profondeur des sentiments, l'estime et la retenue, la sensibilité, le courage pudique et silencieux devant l'inéluctable. L'indéfectible amitié qui se tisse entre un jeune garçon affecté d'une maladie qui le prive de sorties, et un peintre qui va dessiner le monde rien que pour lui.
Ganouan (le vizir, père de l'enfant) s'arrêta de parler, pour verser du thé frais à son hôte. Ils burent en se regardant dans les yeux, comme le font les gens de ce pays pour se dire l'un à l'autre, sans paroles, le respect et l'estime qu'ils éprouvent mutuellement, et que chacun n'a rien à craindre de l'autre.
Sakoumat, le peinte, entraîné malgré lui, mais avec son consentement, dans une aventure qui l'attriste et le dépasse. Et qui renonce à rentrer chez lui pour poursuivre son travail et rester près de l'enfant, au motif qu'il n'a pas de famille, et que ses amis le reconnaîtront quel que soit le temps qu'il passera loin d'eux.
Ganouan sourit.
"Ton cœur est grand, mon ami, mon frère.
- Seigneur, fit Sakoumat en s'inclinant, je te l'ai dit : si je suis ici, c'est pour ma joie."
Et puis l'irréelle mouvance des tableaux sur les murs, qui respirent et qui sentent passer le temps, eux aussi.
"Et la verluisette elle aussi s'endort, Madurer ? demanda le vizir d'une voix très basse.
- Oui, bien sûr. Tout le pré s'endort, tu le vois. Il s'éveille au sommeil, parce que, quand on est éveillé, est-ce que ce n'est pas comme le rêve de quelqu'un qui dort ?
- Par les nuits d'hiver, il n'y aura plus la lumière de la verluisette ? dit Ganouan en se retournant pour regarder le pré éteint.
- Mais il y aura les étoiles, père ", dit Madurer.
De la littérature jeunesse qui n'a rien à envier à la littérature pour adultes. C'est très bien écrit, nourri de poésie, ça se lit en une demi-heure grand maximum. Son auteur, Roberto Piumini, est né à Edolo en Italie du Nord. Diplômé de pédagogie, il a travaillé dans l'enseignement, la presse et le théâtre. Auteur de nombreux livres, il a aussi écrit pour le cinéma, la radio et la télévision.
C'est toujours un peu Noël n'est-ce pas ?
A toutes, à tous, je vous souhaite une agréable journée, la dernière de l'année. Je vous souhaite de passer en douceur la nuit qui nous conduira vers la Nouvelle Année. Toujours avec une pensée pour ceux qui sont seuls, qui viennent de perdre un être cher, ou qui ont un animal malade. Les titis, Félix et moi on vous embrasse bien fort et on vous dit : à l'année prochaine si vous le voulez bien ...