Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

Kinjo-Kaï, pour la dernière fois

Publié le 24 Septembre 2012 par Thaddée's dans Récits Petits mystères au quotidien

Rêves, transcription

 

Une dernière fois, je retournai dans la galerie marchande de l'hôpital voir la veste de survêtement qui m'intéressait. Je n'avais toujours pas réussi à valider sur l'écran géant la réponse aux trois questions posées. Je n'avais pu jusqu'ici répondre qu'à la troisième : conforme.

Dans le tas de vêtements, j'avais remarqué ce pantalon. Lui, correspondait à celui du modèle. Ma veste par contre avait sans doute quelque chose de différent.

Alors le vendeur arriva, jeune, et le sourire aux lèvres avec ses boucles brunes dépeignées.

- Mais vous voyez bien que votre veste à vous à des rayures blanches. La veste du modèle a des rayures noires, comme le pantalon.

- Oh je préfère alors prendre la veste noire assortie au pantalon, c'est bien plus joli !

- Mais ça ne ferait pas mes affaires, répondit-il.

Je m'accordai le temps de la réflexion, parce que je n'avais pas d'argent. Mais au point où j'en étais. D'ailleurs j'avais plus d'un tour dans mon sac.

Pour la dernière fois je retournai sur le marché couvert. Un jeune garçon venait d'être diagnostiqué hépatique. L'ayant été moi-même dans ma jeunesse je lui expliquai ce que c'était pour le rassurer. Puis j'allai tout droit m'acheter mon ensemble avec rayures blanches en haut et rayures noires en bas. Je regrettais la veste noire. Mais je voulais aider ce marchand. J'avais porté mon choix sur la tenue dépareillée, mais neuve.

C'est alors qu'ils arrivèrent, silencieux comme toujours, avec leurs grosses boîtes d'allumettes. Il y avait le chef qui me regardait. Dès que fut grattée la première allumette ce fut la débandade. On fuyait de toutes parts pour échapper aux fusées explosives. Moi j'hésitai un moment. J'aurais voulu permettre à ce marchand de conclure sa vente : il en avait besoin pour servir sa cause.

Mais le feu gagnait du terrain. Je me surpris à m'enfuir à mon tour au milieu des flammes, des étincelles, des sifflements de pétards et de l'énorme bousculade.

Un projectile en feu me percuta le petit doigt de ma main droite. Il se couvrit aussitôt d'un emplâtre gluant qui se mit à chauffer jusqu'à l'insupportable. Et mon petit doigt se cloquait à vue d'oeil, on aurait dit qu'il allait exploser. Je me traînai par terre en pleurnichant. Enfin, je me retrouvai loin du foyer central.

Et de longs jours passèrent où je restai immobile à penser à la déception du marchand. Sa cause était perdue. Notre cause était perdue. J'avais honte et j'avais plus mal encore au fond de mon coeur.

Un jour, je me levai pour me diriger tout droit vers le trône vide autour duquel attendaient mes amis nuit et jour. J'y pris place, le visage couvert d'un masque d'airain.

- Mes amis, leur dis-je, Kinjo-Kaï doit affronter ses ennemis dès aujourd'hui.

- Qui est Kinjo-Kaï ? demanda quelqu'un.

- Moi, répondis-je.

Et je me levai pour aller m'engager dans ce combat sans merci. La fierté m'était revenue. La peur, et le doute aussi. Quand une main se posa sur mon bras.

- Kinjo-Kaï, me dit une voix, les oracles m'ont parlé : tu ne mourras pas. Ils te brûleront, ils te frapperont à coups de pied, ils te piétineront le ventre, mais tu ne mourras pas.

Je n'avais maintenant plus aucune raison de renoncer. Je me rendis au marché, pour la dernière fois.

     ~~~

Transcription d'un rêve fait dans la nuit du dimanche 23 septembre au lundi 24 septembre 2012

commentaires