Halloween est une fête païenne. La Toussaint est la célébration chrétienne des défunts. Les deux se jouent à quelques jours d'écart et ne font souvent plus qu'un dans l'esprit des gens. Un grand nombre de blogueurs ont exprimé leur sainte horreur d'Halloween dans leurs commentaires sur les blogs : pour eux cette tradition qui relève de la farce carnavalesque est inutile, grotesque, voire choquante. - Est-ce parce qu'elle entre en conflit avec leurs convictions religieuses ? - Est-ce parce qu'ils la trouvent tout simplement malsaine avec ses vampires et ses zombies ? - Coûteuse en des temps difficiles du point de vue financier ?- De mauvais goût, sous ses fards et ses masques, à l'heure où frappent dans toute les France les clowns agressifs et menaçants, les chasseurs de clowns déguisés en Superman, eux-mêmes armés jusqu'aux dents ?
Personnellement je n'ai jamais accroché à cette fête d'Halloween, modérément relayée dans notre pays par des inconditionnels du mort-vivant. Fut une époque où je répugnais même à me déguiser. Cela me mettait fort mal à l'aise ! Je ne voulais même pas revêtir un de ces merveilleux caftans tout cousus d'or et de broderies que mon amie marocaine Nadia avait étalés sur un lit, à mon intention, à l'occasion d'un mariage traditionnel. Les joies du déguisement, je les ai découvertes, et je leur ai trouvées une saveur toute particulière à l'âge de vingt-cinq ans, aux côtés des amis dont je vous parlais récemment dans mon récit Au quatrième top il sera exactement. Là, je me rappelle avoir dansé toute la nuit sur alligator 427 de Thiéfaine dans un accoutrement punk, un collier de chien autour du cou. Ah que c'était bon, que c'était fou, et que ça me laissera à tout jamais un souvenir impérissable !
Pour en revenir à Halloween et la Toussaint, si intimement liés dans notre inconscient collectif, eh bien j'ai décidé, pour aujourd'hui, de mêler étroitement les deux : espoir et sérénité d'une petite chapelle où s'expose le visage du Christ, tant aimé, que tant d'hommes et de femmes aimeraient voir et toucher, pour le consoler de ses souffrances et le remercier de son sacrifice ; alterné avec des images sombres, et non moins belles, d'êtres humains grimés et maquillés en vue d'une nuit d'octobre on ne peut plus chaude. Allez, je vous mets sur le grill. On commence par quoi ?
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On en remet une couche ; on force le trait. - Pourquoi ? - Et si c'était pour exorciser ses peurs ? - Peur de la nuit, peur de la mort, peur des ombres qui rôdent autour de nous pour nous faire du mal et nous entraîner au néant tant redouté. On se fait belle, on se fait beau, sous les traits indécents d'un gothique ou d'une vampire ; on prend les yeux d'un animal dangereux. On joue - à être : quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre, l'espace de quelques heures. On marque les esprits sous de fausses identités. Schizophrénie riche et provocante, elle s'expose pour mieux nous cacher sous nos masques dorés. Des arcs-en-ciel, et l'espace intersidéral, se dessinent sur nos paupières et sur les traits de nos visages. Nous aspirons à grandir, toucher le ciel, acquérir des super pouvoirs, au moins le pouvoir de séduire. Au moins le pouvoir d'ensorceler.
Mais au pied de l'église Saint-Luc à Sainte-Foy-les-Lyon se cache l'humble chapelle avec ses offrandes et ses prières.
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Champ libre au fantasme : nous apprivoiserons ce soir les loups ... -garous. Nous-mêmes, nous serons ces amazones des ténèbres aux ongles rouges, ou ces cavaliers de l'apocalypse surgis des brouillards épouvantables. Il n'est jamais trop tard pour jouer à se faire peur ; c'est purement homéopathique : c'est ce qui nous permettra de surmonter les craintes et le stress accumulés au quotidien. D'aucuns diront : ça ne sert à rien ! - Mais ... vous ne rêvez jamais ? - N'avez-vous jamais rêvé d'être tout simplement quelqu'un d'autre, pendant quelques heures seulement ? - Oh pas forcément un super héros ; pas forcément une éblouissante princesse. Juste ... quelqu'un d'autre. Ce quelqu'un d'autre que vous sentez tapi au fond de vous-même, et qui ne demande qu'à se montrer de temps en temps sous son vrai jour. Nos multiples personnalités ne sont pas une maladie. Elles sont notre richesse intime ; elles font notre force ; elles nous aident à défier les problèmes et les ennemis qui se présentent devant nous. Ce soir, nous apprivoiserons des loups. Nous sommes de taille à le faire. Et personne, personne, ne nous traitera de folles ou de fous. Parce que tout le monde boira au même chaudron. Parce qu'il est des gens, sur la terre, qui croient encore aux fastes de l'imagination, la folle du logis. Parce qu'on n'est jamais trop âgé pour se faire son cinéma. Parce qu'on a tous besoin, même si on n'en a pas forcément conscience, de passer pour des êtres supérieurs et merveilleux aux yeux des autres. Et que la nuit d'Halloween ça sert à ça : brouiller les pistes, et s'ouvrir une voie royale en produisant un spectacle grandiose à soi tout seul. On a notre place au ciel, au milieu des étoiles noires.
Mais au pied de l'église Saint-Luc à Sainte-Foy-les-Lyon se cache l'humble chapelle avec ses offrandes et ses prières.
Pour les petits et les grands la fête d'Halloween est prétexte à s'amuser. A jouer au sens propre du mot : le je devient jeu. Je devient un autre. On se fond sous l'image qui mettra le plus en valeur, le plus en relief, le fond de nos désirs et de nos manques. On joue à se faire passer pour. Alors, avant que se lève le jour, avant que nos carrosses redeviennent des citrouilles, avant que se dissipent la magie de nos métamorphoses, et le pouvoir de la sorcellerie : soyons nous-mêmes, pour une fois ! ... Et dévoilons aux autres, pendant une fraction de seconde, le visage que nous n'avons jamais osé montrer. La face cachée de la lune. Et notre côté sombre et tellement brillant qu'il sera comme un soleil noir. Et de la poudre aux yeux, enfonçons-nous dans le rêve éveillé. Laissons la magie d'Halloween s'opérer dans les transes du méconnaissable ! - Ce n'est pas péché.
Mais au pied de l'église Saint-Luc à Sainte-Foy-les-Lyon se cache l'humble chapelle avec ses offrandes et ses prières.
Je vous souhaite à toutes et tous un bon week-end. A bientôt sur vos blogs.