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Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

Aigues-Mortes © TS 20 juin 2011

Publié le 20 Juin 2011 par Thaddée Sylvant in Poésie 2011 L'encre dans la peau

Aigues-Mortes son regard / Le garçon dans la terre / Vert-de-gris ma mémoire / Qui ne peut pas se taire / Où qu'on aille ça se vaut  / Le caillou le couteau / Ça vous fait des entailles / Très profond dans la peau / Le garçon le bourreau / Quand tout ça se mélange / Ça rappelle Babel / Qui mélangeait les langues / Se comprendre soi-même / Se transforme en épreuve / Une porte se ferme / Y a le bourreau qui pleure / Les lagunes sont à sec / Dans tes orbites aussi / Des tombereaux de terre / Éteignent la prunelle / Et la tour de Babel / Elle mélange les genres / Un garçon le bourreau / Ne peuvent plus s'entendre / Il reste les vivants / Qui sont comme des ombres / Où que tombe le vent / Je ne vois qu'une tombe / Aigues-Mortes ses yeux bleus / Le garçon le suaire / Est-il pires adieux / Qu'à vingt pieds sous la terre / Une croix sur la dalle / Quelques fleurs tellement vieilles / Qu'elles distillent une odeur / De décomposition / Ta photo dans un cadre / Ou dans un médaillon / Que tes yeux étaient bleus ! Encore plus que le plomb / Reviens ! dit le bourreau / Qui tape sur la pierre / Mais un corps sans la peau / Qu'est-ce que ça peut lui faire ?

L'entraille cannibale / Est une plaie béante / Qui suinte au désespoir / Des rites qui la hantent ! Quoi qu'elle mange ça se vaut / Le caillou le couteau / Des viandes purulentes / Aux viscères pleins d'eau / La cervelle à l'envers / Il a faim le bourreau / De quoi donc me nourrir ? Il me manque ta voix / Il me manque tes yeux / Il me manque tes mains / Ton rire c'est ce rictus / Et ton faciès osseux / La fosse aux souvenirs / Nous fait devenir vieux / Et mes entrailles exsangues / Ressemblent aux lagunes / Elles sont sèches et méchantes /  Comme les nuits sans lune / Je ne sens plus mon corps / Tant il est vide et froid / N'est-ce pas qu'il est mort ? Il est privé de moi / Et la tour de Babel / Elle domine la plaine / Me dirait-on "je t'aime" / Je ne comprendrais pas / Aigues-Mortes mon ventre / Aigues-Mortes ma tête / Est-ce qu'une bête chante / Quand elle est seule au bois ? Aigues-Mortes aux étangs / Plus mornes que la plaine / Aigues-mortes marais / Est-ce que tu m'entends !? Ou tout n'est-il que ruines / Autour des remparts rouges / Invention tout ce bruit / Tout ce monde qui bouge ? Aigues-Mortes son regard / Aveugle tout ce temps / Les guerriers amaigris / Te garderont cent ans.

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