Je voudrais dire encore : écrire, dire qu'on écrit, montrer ce qu'on écrit, publier ce qu'on écrit, partager ce qu'on écrit, c'est prendre un risque. C'est : se démasquer, s'exposer à la
critique, encaisser le silence qui juge et les mots qui font mal. C'est : douter de la sincérité des éloges. Se dérober aux questions trop pressantes et trop indiscrètes. Souvent répondre : je ne
sais pas.
Écrivains
nous sommes,
disais-je. Ou plus simplement comme ditOrfée : Passeurs de parole. En quelque sorte messagers. Je ne conçois pas l'écriture autrement. Je n'écris pas.
Mes livres s'écrivent à travers moi. Mes livres me traversent, en m'écorchant comme une lame. Ils m'ont tous fait tomber malade. Bien peu cependant ont réussi à me tirer des
larmes.
Écrire.
C'est être l'Outil de Quelque Chose qui nous Dépasse. Et quelquefois l'outil se rompt : rien n'aboutit. D'autres fois, l'outil se plie, plus ou moins docilement, aux rigueurs de l'ouvrage. Et le
livre est fini.
Écrire
: c'est malgré soi. Dans "Écrire", il y a le mot "Cri".