Je vieillis
Et le poids des ans morts alourdit ma démarche
Et les jours à venir je leur recherche un sens
En est-il parmi vous qui pourront me comprendre
Et peser dans leurs os ce que vaut ma souffrance
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Je ne veux pas me plaindre A quoi ça servirait
C'est notre sort commun de vieillir en silence
Arrangeant quelques fleurs dans un vase en faïence
En retrouver séchées dans un livre oublié
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Le dimanche c'est long comme les jours sans pain
De l'ingrate jeunesse toute vêtue de noir
Aveugles jeunes gens qui sont riches de temps
Et le vendent au rabais pour une heure de gloire
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Moi le temps j'en ai plus je le passe à trimer
Pour régler mes loyers me payer le docteur
On vieillit plutôt mal quand on doit vivre seul
A ne servir à rien on se sent presque mort
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Arrogante jeunesse qui jure par "toujours"
Qui conjugue au futur ses grands serments d'amour
Aime au superlatif, tutoie l'éternité
Fanatique jeunesse à l'arrière-goût de cendre
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Et même le printemps ne saurait faire mieux
Par ses effluves roses et ses bouffées d'air pur
Que me serrer le cœur et me faire mal aux yeux
Le souffle de la vie moi j'en ai fait mon deuil
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Je suis peut-être jeune aux yeux des vieilles gens
Je ne suis pas malade aux yeux des condamnés
Je ne manque de rien Je fais ce que je veux
Un autre, à ma place, s'en trouverait heureux
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Alors, me direz-vous, qu'est-ce que j'attends pour vivre ?
Et je vous répondrai : je n'attends rien du tout
Je cherche la chaleur mais mon église est vide
Et mes temples romains ne tiennent plus debout.
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© 06.01.13 Catharsis, TS