Pour raisons professionnelles je devais me rendre à cette adresse. Imaginez ma surprise et mon désarroi quand j'arrivai devant le portail.
Je vérifie dans mon carnet de RV (professionnels) que je me trouve au bon numéro de la rue. C'est en effet le bon numéro. Enfin, c'est ce que je déduis péniblement du fait que les numéros voisins sont très proches de celui que devrait indiquer le portail de cette maison qui n'en affiche plus aucun. En pleine confusion, je me pose alors des tas de questions : "Est-ce qu'ils sont morts, ces gens que je devais rencontrer et que je n'aurai plus l'occasion de connaître ? Comment se fait-il que mon "commanditaire" ait eu l'idée saugrenue de m'envoyer ici ? Ignorait-il donc qu'il y avait eu un incendie ? "
Les ruines sont refroidies. Ça ne sent pas la fumée. La maison n'a pas brûlé cette nuit, ni la veille, ni même l'avant-veille et qui plus est... le site est d'une exceptionnelle beauté, je me décide à le photographier, en hésitant un peu, comme si je profanais un endroit rendu sacré par le sort funeste, comme si je violais un peu plus la vie privée de ses anciens occupants, désormais amputés de leurs souvenirs et peut-être même de leur avenir. Je prends des photos, et je rebrousse chemin.
De retour chez moi je contrôle encore une fois que je n'ai pas fait erreur sur ma destination. Là, je me rends compte que j'étais au bon numéro... d'une rue différente de celle où je devais aller. Ma première réaction en prenant conscience de ma (légendaire) distraction fut de me dire avec soulagement : "Ils sont vivants."