Jeudi 2 décembre au soir
Là, c'est le gouffre. Des tas de questions se posent. Les souvenirs reviennent. D'autres pas. C'est le trou. Quand est-ce que. Est-ce que j'ai dit, je n'ai pas dit... Toutes ces choses qu'on avait en tête de faire quand on était ensemble. Toutes ces choses dont on aurait pu parler, qu'on aurait pu refaire, ce bout de chemin qu'il nous restait à faire côte à côte, avec l'espoir que tu t'en sortirais, l'espoir qu'il te resterait plus de temps que prévu, toutes ces choses que ta mort nous a prises.
Tu auras passé ton temps à me quitter.
Je ne suis pas en colère. Au contraire ça me rapproche de toi. Ça me rappelle que tu étais libre et que tu n'en faisais qu'à ta tête. Même la mort, tu en riais.
Même la mort.
Elle ne te faisait plus rire ces derniers jours. Tu devais sentir son approche, son emprise, sa menace, sa promesse, et sa détermination plus forte que la tienne.
La dame en noir t'a enlevé mon ami. La Grande Dame en noir qu'on est tous appelé à rencontrer et à suivre. Est-ce qu'elle t'a effrayé, le moment venu ? Est-ce que tu l'appelais de toutes tes forces, pour ne plus souffrir ?
Tu aimais tellement la vie. Je voudrais bien prendre la relève mais... Pour l'instant je ne pense qu'à ta mort, je n'entends que le silence, je ne reconnais que le vide. Il va me falloir prendre le temps, le temps de m'habituer à ne plus jamais t'entendre, à ne plus jamais te voir. C'est difficile ! - Aide-moi.