Il y a sept ans jour pour jour, le 7 juillet 2007 (07.07.07) j'écrivais un texte intitulé Flagrances et déflagrations. De très anciens souvenirs, une incompressible souffrance, à cette époque-là, me tordaient les tripes. Pour crever l'abcès j'ai tenu deux journaux intimes dans lesquels j'ai revécu cent fois le même événement pour tenter non seulement de l'élucider, mais surtout dans l'espoir d'exorciser les démons qui me tourmentaient sans relâche. Aujourd'hui, je puis affirmer qu'à travers l'écriture et le travail douloureux que j'ai fait sur moi-même est venue la délivrance. L'apaisement a succédé aux crises d'angoisse et à la dépression. Je peux vivre sans me vomir et vomir l'individu qui se trouvait être à l'origine de mon calvaire. Individu dont je n'ai pas retrouvé l'identité, malgré des recherches acharnées. Individu dont j'ignore même s'il est l'auteur de ce dont je l'ai longtemps accusé. Au terme de plusieurs années d'enquête et de réflexion, j'ai fini par conclure au non-lieu. Non que ce fût un faux-souvenir à proprement parler. Mais quand une victime s'implique, consciemment ou pas, dans des actes, faits et gestes dont elle sent, confusément, qu'on pourrait les lui reprocher, elle n'est plus vraiment une victime : elle devient complice des agissements perpétrés contre sa personne.
[…] et pour moi, je l’avoue, je n’aime pas si je ne suis blessé.
Maussades insomnies tâtonnant dans le noir à mains nues livrées au désespoir d’étreindre le vide
En manque pour de bon d’épuisement physique où se résoudrait l’exécrable tension du désir et des excitations stériles
Ô morbides errements de viscères frustrés qui geignent comme un chien qu’on aurait éreinté
Pleine lune de mon cul sur les autels profanes aux cités dévastées des peuples cannibales je veux qu’on le dévore cru quitte à damner mon âme
en cette nuit qui sue par mes pores éplorés qui refond à la forge un corps tout déformé par la soif et la faim paniqué d’être nu
qui me prend à la gorge de n’être trois fois rien dans ces vastitudes éperdues qu’haletant dans mes rythmes incantant à l’hystérique torchis de mes muscles esquintés
L’érotisme en secret sous le vasistas ouvert des sanitaires jaunes une chaîne un fond d’eau pour l’esprit qui disjoncte une fièvre un fournil
un famélique abandon de toutes les secondes à genoux sur le carreau pour écarter quatre murs à deux mains
Se flageller d’injures à n’en savoir que dire à part je me souviens de ce qu’on fait de pire à ce pauvre être humain
qu’on torture et qu’on viole en veux-tu en voilà si c’est ça ton destin et consentant en plus puisque t’y comprends rien
Mais féroce insomnie qui veille au bon grain pour que le jour qui vient se lève sous de meilleurs auspices si je t’aime pour le moins jure-moi
de ne me faire de mal que pour me faire du bien
J’ai subi de terribles sévices au point d’en perdre le sens j’adorais mon bourreau j’adorais mon supplice et depuis ce temps-là tout le monde et tout y ressemble
J’ai besoin d’épectases et qu’on tape à la trique où je sursauterais de trop dis-moi tiens-toi tranquille que je ferme les yeux pour trouver le repos.
► Flagrances et déflagrations - 7/7/7- Crypties 1980-2009, P. 65, 66, 67 (c) Thaddée Sylvant
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