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Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

suivi des fragments

Possession

Publié le 23 Juillet 2009 par Thaddée Sylvant dans Suivi des Fragments

Merci, Tibicine, de m'avoir écrit une critique détaillée de mon récit "Fragments d'une vie brisée". Critique qui me donne l'occasion de revenir sur la naissance du livre, il y a bien longtemps, en 1995. Il est né, je l'ai souvent répété sur mes blogs successifs, de quatre ou cinq lignes lues dans Les Guides Bleus de Grèce. J'y découvris l'existence et les conditions de vie des mineurs du Laurion. Ces quelques lignes s'imprégnèrent en moi si fort que je me sentis dans l'obligation d'écrire sur le sujet.

Je ne reviendrai pas sur le travail de recherches effectuées des années durant dans les livres, ensuite sur Internet. Par contre, je souhaiterais revenir sur la toute première version des "Fragments". A cette époque déjà, je voulais être à l'intérieur de mon personnage. Je voulais être lui. Ce n'était plus un personnage de roman. C'était moi.

Mais encore, il me fallait traduire au coup par coup ses sensations, ses sentiments, ses pensées, tandis qu'il entrait dans sa nouvelle vie de mineur du Laurion. Et là, problème. Est-ce qu'on pense avec des mots ? Est-ce qu'on sent avec des mots ? ... Est-ce qu'on souffre, avec des mots.

La première version du récit ne fut qu'un cri articulé. Et un cri articulé n'est pas littéraire.
Alors je réécrivis le livre, une fois, deux fois, maintes fois je le repris jusqu'à sa version finale et définitive.

On pourra, effectivement, s'étonner de ce parti pris. N'eût-il pas été plus simple de traiter cette histoire à la manière d'un roman traditionnel, avec des personnages, un suspense, une véritable histoire, quoi. Pourquoi m'embêter à vivre dans sa tête et dans sa peau comme dans une prison irrespirable ? Pourquoi est-ce que je me laisse faire ? Pourquoi est-ce que je ne me révolte pas ? Pourquoi est-ce que je ne me lie pas avec des camarades ? Pourquoi, pourquoi... Pourquoi.

Je suis seul et désespéré. Tout en moi gémit. Je suis : sans secours, dans une situation : sans issue. Tous les jours sont les mêmes. Hier, demain, n'existent pas. Les autres existent-ils ? Je suis la masse informe et condamnée de vingt mille esclaves qui triment et qui meurent sans savoir qui ils sont.

Je m'appelle Sans-Nom.

Je ne peux pas m'en sortir, à moins de mourir. J'ai très peur d'aimer, je ne veux pas souffrir plus que je ne souffre déjà. Je ne connais que la souffrance, la fatigue, la solitude, la désespérance, et la colère. Toutes mes forces, je les concentre aux seules fins de survivre et de retrouver ma vie d'avant.

Aujourd'hui, si je devais écrire les "Fragments", je ne les écrirais pas comme ils furent écrits. Ça me serait impossible de refaire ce chemin dans la peau de mon esclave. Il me faudrait sans doute instaurer une distance entre lui et moi. Mais alors... ce livre n'existerait pas. J'affirme qu'il ne pouvait être écrit qu'ainsi, à la première personne du singulier, dans le dénuement presque irréel de l'épreuve physique et morale. Ne pouvait être, non pas qu'un monologue, même si j'ai dû avoir recours à des mots pour lui donner vie, mais ne pouvait être qu'un témoignage, autant que j'ai pu témoigner en son nom de ce qu'il a enduré. Je ne fus que l'instrument dont il se servit pour raconter son calvaire. Son coeur, son regard, sa voix, c'était moi. Ou plutôt... mon coeur, mon regard, ma voix, dans ces moments-là, c'était lui. Il me parlait voyez-vous. Il m'habitait. Il m'habite encore, à croire que son histoire n'est pas terminée, qu'il a besoin de moi pour rapporter la suite.

Une de mes lectrices m'a dit :" tu lui dois d'écrire la suite".

Mais tant d'années sont passées depuis son premier cri, qu'il me semble aujourd'hui ne plus pouvoir écrire.

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Le livre voyageur

Publié le 23 Juin 2009 par Thaddée Sylvant dans Suivi des Fragments

Mon livre est entre les mains d'un guide népalais qui s'appelle Ganesh.

Mon livre étant entre les mains d'un guide à Delhi (grâce à Pandora) j'ai eu envie de partir sur ses traces... tout au moins virtuellement. Par la grâce du Net j'ai pu trouver quelques belles images qui pourront illustrer son parcours si loin de moi. C'est formidable de le savoir en Inde où je n'ai jamais mis les pieds. Comment aurais-je pu imaginer, en commençant à l'écrire en 1995, qu'un jour une blogueuse non seulement me l'achèterait, mais encore l'emporterait avec elle dans ses bagages et le laisserait en Inde pour se décharger un peu...

Voilà comment il voyage, le livre de ma vie, et j'ai comme l'impression que ce n'est pas fini. Un jour je vous raconterai toutes les anecdotes qui ont secoué son parcours, de ses réécritures à l'auto-édition que je ne conçois pas comme un aboutissement, mais comme une étape nécessaire avant de tenter l'édition, la vraie.

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Ils ont franchi la frontière !

Publié le 23 Juin 2009 par Thaddée Sylvant dans Suivi des Fragments

Titre initial : Mes Fragments ont franchi la frontière !

Il s'est produit quelque chose d'extraordinaire !
Il y a quelque temps j'écrivais un article sur le bookcrossing.
 
Cela consiste à abandonner un livre dans un endroit public.
Eh bien Pandora qui nous revient du Zanskar
a dû se séparer de mon récit Fragments d'une vie brisée en Inde, pour une question de supplément de bagages.
Mon livre est en Inde !

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Ma littérature profane

Publié le 29 Mars 2009 par Thaddée's dans Suivi des Fragments

 

Titre initial : Née de mes lectures de jeunesse, ma littérature profane (à propos de Fragments d'une vie brisée)

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Tout ce que j'ai su de la Grèce avant d'y avoir été, je l'ai découvert dans un livre : Éros en Grèce, Textes de John Boardman et Eugenio La Rocca, Photographies d'Antonia Mulas, Robert Laffont, 1976.
L'amour dans l'art et la civilisation, en Grèce : ...
"Quelque chose qui guérisse le malade et console l'affligé, qui ranime le souvenir chez tous ceux qui ont été amoureux et instruise ceux qui ne l'ont pas été. Car personne n'a jamais tout à fait échappé à l'amour, et personne n'y échappera jamais, tant qu'existera la beauté - et des yeux pour la voir."


J'y appris le sens de mots encore inconnus de moi : Erastai, littéralement "ceux qui aiment. Ermenoi, littéralement "ceux qui sont aimés". Symplegma, littéralement : "enchevêtrement", d'où sa référence, par extension, aux groupes érotiques.
J'appris à reconnaître les vases :
aryballos, amphoriskos, hydria, kantharos, karchesion, kylix, lekythos, oinochoé, péliké, psykter, stamnos.


A la même époque, je lus L'été grec de Jacques Lacarrière et  La couronne et la Lyre, Anthologie de la poésie grecque ancienne, traduction de Marguerite Yourcenar.

 

eros-en-Grece.jpgl'été grecla couronne et la lyre

 

Mais l'amour des temples et des vieilles terres nous vient-il des livres ? Je partis en Grèce et crus y reconnaître ma patrie. La blanche Athènes, Délos l'île-musée, Mykonos l'île au pélican, l'âpre Cythère, et Nauplie, Sparte, Delphes, Olympie...

Pour trouver mon chemin je m'appuyais sur un ouvrage des plus précieux, qui retraçait l'historique du moindre village perdu dans la montagne. Ce n'était plus Éros en Grèce mais les guides bleus, Hachette, 1979, Grèce.

 
Un pavé de 850 pages écrit tout petit tout petit. Si petit que pendant des années je ne lus pas la page 359 jusqu'au jour où.


Cap Sounion - Laurion, Lavrion.
Le Laurion est peut-être le plus ancien témoignage de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui la pollution industrielle...


Mais quel était donc cet endroit qui déflorait brutalement ma vision idéale de la Grèce ?


Le Laurion, source d'argent et trésor de la terre.
Quelques athéniens y firent de grosses fortunes. Pour y travailler, il y eut jusqu'à 10 000 et même 20 000 esclaves, achetés par les industriels sur l'Agora d'Athènes, où des ventes avaient lieu à chaque nouvelle lune. Durement traités, ils devaient vivre sans famille, afin de réduire les frais d'exploitation.


La lecture de ces trois lignes donna naissance à mon récit Fragments d'une vie brisée.

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Extrait des "Fragments" + Diaporama 2007

Publié le 28 Mars 2009 par Thaddée's dans Suivi des Fragments

 

Corruption des cités qui ne s’embarrassent pas de principes et se vouent, comme aux banquets, sous des lustres, au fumet des chairs pantelantes, aux jeux de la bouche et du ventre, en se vautrant dans les plats à dessert, les saucières et le vin renversé. Stupre et crasse mélangés. Fins de nuit décadentes.

Gras bien blanc, abattis à point, matelotes d’anguilles, bouchées de requin, boudins de cochon, vous êtes ce que vous mangez. Vous n’êtes pas moins ce que vous excrétez.

Et la lotion d’iris où vous trempez vos doigts ne vous blanchira ni de vos lâchetés, ni de vos crimes. Soyez maudits……………

(c) 2009 - Extrait de Fragments d'une vie brisée - Thaddée Sylvant

 

 

 

 

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Déchirures

Publié le 23 Mars 2009 par Thaddée Sylvant dans Suivi des Fragments

Observation d'une de mes visiteuses : "Tu sembles bien aimer la fracture, la déchirure, un regard sur le monde amputé...La souffrance à fleur de la matière comme si elle ne pouvait s'incarner sans elle! Il y a là quelque chose d'insupportable...Mais la facture est très belle!"

 

Ma réponse  : En effet, je me tourne souvent du côté de la fracture et de la déchirure, qu'elle soit exprimée dans l'art (peinture, sculpture)  ou par écrit (roman, poésie). A fortiori sur ce blog consacré à mon récit " Fragments d'une vie brisée" dont le seul titre est évocateur d'une brisure. Ma démarche et mon cheminement sur ce blog restent aussi proches que possible du propos du récit. Si je m'attache à montrer des oeuvres d'Igor Mitoraj, par exemple, c'est parce que certaines d'entre elles ont cet aspect blessé, fragmenté, que l'on retrouvera dans les pages de mon livre.

[...]

De même, je présente quelques images de la mythologie grecque et de ses monstres fabuleux : faunes, centaures, sirènes... toujours dans le souci d'offrir un contexte visuel, à peu près documenté, au récit que j'ai écrit.
On a dit de ma littérature que c'était une littérature profane. En remettant , de la main à la main, un exemplaire de mon livre à l'une de mes lectrices, j'ai jugé bon de la prévenir : à l'époque où vivait mon Sans-Nom, Dieu n'existait pas. S'il y avait eu Dieu c'est lui qu'il aurait prié. Il a prié les dieux de son époque, et ces dieux-là ne l'ont pas écouté.

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Un monde sans femme

Publié le 23 Février 2009 par Thaddée Sylvant dans Suivi des Fragments

On s'étonnera (peut-être) de ne voir sur mon blog que des figures masculines.
Explication.
L'univers où se voit contraint d'évoluer l'esclave grec de mon récit est un univers d'hommes (mines du Laurion). Les figures féminines qui le traversent sont éphémères.

Il y a le souvenir de la mère, fatalement éclipsé par le souvenir déchirant du père : "Qu’as-tu trouvé à dire à ma mère, homme inéquitable ? Qu’as-tu osé lui raconter, qui lui garde sa jeunesse et son sourire ? Elle était belle, ma mère, elle était digne. Tu l’as trompée sur la noblesse de ton cœur. C’est un menteur qu’elle a épousé, lâche par-dessus le marché, qui n’hésite pas une minute à bannir en enfer celui qui lui a résisté ! Est-ce qu’elle sait où je suis, est-ce qu’elle a la moindre idée de ce que j’endure ? Si tant est qu’elle l’ait appris, espère-t-elle en ta clémence, t’implore-t-elle à genoux de me reprendre ? Ou bien comme toi a-t-elle repris ses activités sans jeter un regard sur l’extrême sud de l’Attique, ignorant celui qui sanglote et se tord les poings sans parler ? " (Fragments, P. 43)

Il y a les rêves d'amour qu'il fait dans son sommeil. Le manque d'amour qui se fait ressentir : "...ou bien caresser, si tant est qu’on en ait gardé le souvenir, l’idée d’une femme…" (Fragments P. 133)

Il y a la fille infortunée (celle qu'il appelle un papillon déchiré sur une échelle de bois dans les premières versions du récit) qu'il convoite, et à qui il se confie : "Une femme est avec nous depuis le début du froid. Il nous est strictement interdit de l’approcher en dehors de la galerie, sous peine de représailles immédiates. Elle ramasse le minerai derrière moi. Les couffins pesants lui courbent l’échine et lui tordent les bras. Un homme s’est risqué près d’elle au campement. Ils l’ont émasculé." (Fragments P. 122, 123)

Il y a ces quelques autres femmes aussi qu'il désire et déteste : "Porteuses d’eau croupie, collectant les nourritures avariées, distribuant couvertures et manteaux sans un mot, les yeux baissés, confuses et blessées, leur sort est plus éprouvant que le nôtre et leur faible nature les expose à des dangers qui ne menacent pas tant les hommes. Prises entre l’invective mordante des gardes excités et l’obsession bestiale des esclaves frustrés, elles n’ont d’autre recours, pour garantir leur sécurité, que de faire semblant de ne pas exister.

Je les plains mais je les maudis parce qu’il m’est pénible, à moi, de considérer leurs irrésistibles attraits dévoilés à mon désir, qui me font l’effet d’une poignée de figues fraîches offertes et refusées au palais d’un homme ravagé par la faim…………… (Fragments P. 133, 134)



Il y a enfin cette rencontre étrange et déterminante qu'il fait un jour qu'il s'écarte par inadvertance de son groupe : "Je ne sais pas qui c’est. Je n’ai pas vu son visage. Il s’est éloigné sans prononcer un mot de plus. Il marche avec des semelles de liège. Il sentait le jasmin, ça je m’en souviens très bien. J’aurais cru respirer le parfum d’une femme. N’auront d’égards pour moi, si tel est mon destin, que les métèques et les pédérastes." (Fragments P. 166)

Peu de femmes, donc. Quelques unes cependant comme autant de lumières dans sa nuit.

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