Mercredi 22 septembre 2010
Lueur dorée sur les troncs d’arbre.
Être écrivain. L'éviscéré.
Qui se délabre.
Je paie la rançon de mes heures et de mes journées d’écriture. Lourd tribut. Comme toujours à bout de forces, le
souffle court, sur les rotules. Cannibale d’écriture qui nous bouffe de l’intérieur. En quoi, de quoi nous délivre-t-elle ? Puisque elle nous traîne, à notre insu, contre notre volonté, sur
les sentiers battus dont on s’était écarté…
Malgré tout je persiste et je signe. Ne pas écrire, c’est ne pas être la moitié de soi-même. C’est être inhabité. Je
préfère que ce démon-là me possède et me rende à ma première et fondamentale identité.
Conflits intérieurs. Dédoublement de la personnalité. J’assumerai, jusqu’à la brisure, cette lutte interne, où les
entrailles même se font champ de bataille, où chantent les viscères ! leur chant d’amour leur cri de guerre.
Je ne sais faire qu’écrire, et si l’on m’en privait, si je ne pouvais plus, je ne serais plus rien.
Quelques mois en arrière, sur un autre blog
Je perds, inéluctablement, le contact avec mon écriture littéraire. A force de la crypter sur les sites publics pour qu'on m'y
voie transparaître le moins possible, et pour l'avoir réduite au format blog sous forme de micro-création littéraire, elle m'est devenue comme étrangère pour ne pas dire complètement indigeste.
Je patauge dans le pauvre plagiat de mes écrits antérieurs. Je ne fabrique plus rien de neuf. Sous mes doigts elle sort si bien encodée que je n'y comprends plus rien moi-même. Elle ne m'éclaire
plus sur qui je suis. Elle se transforme en étouffoir où je ne trouve plus mon compte ni en termes d'exorcisme ni en termes d'expression. M'être fait "écrivain public" aura signé l'arrêt de mort
de ma fibre romanesque. La poésie, cette élégante outrageusement travestie, cette dissimulatrice, cette menteuse, a cassé le fil de mon inspiration. Ne me viennent plus que des images et des
mots trop fulgurants pour construire un texte. J'entends : un texte ayant du sens. Des essais manqués voilà tout ce que je peux donner. Ça m'aura coûté cher d'adapter à l'écran (de mon
ordinateur) l'écriture que je pratiquais en secret depuis près d'un demi-siècle.
Corps écorce corde
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Drogue mandragore
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Métalliques raclures du rail circulaire
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Heures quadrangulaires
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Je respire du fer
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Et je rends de l'or pur
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C'est mon cuir encore chaud
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Qui te sert de ceinture
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Ruche sans reine
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Limaille d'étoile
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Jardins saccagés
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Et mon ombre s'étend
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Jusqu'au bord de la Terre
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Syndrome S
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Mental Massada
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Testament Ter
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Mon corps poétique, donc, s'est vidé de sa substance et de son sang. J'en collectionne les débris sur des pages
raturées. Ce sont là des brouillons sans message, sans intérêt, sans avenir.
Dans l'espoir insensé de renouer avec l'écriture (puisque je ne parviens plus à écrire quoi que ce soit pour
moi-même, dans mon coin) je voulais au départ faire de ce blog un blog littéraire. J'y ai du reste publié une poignée de textes que j'ai bien vite supprimés parce qu'ils ne transpirent en rien
l'air que je respire autour de moi ces temps-ci. Je voulais témoigner d'un cauchemar quotidien, d'une inquiétude et d'un découragement grandissants. Il faut croire que plus on va mal moins on
sait écrire. En tout cas, la littérature à proprement parler s'accommode mal de ces états mutants, de ces crises existentielles qui nous traversent de part en part à certaines époques de notre
vie. Elle est instable et boiteuse comme nous, tâtonnante, balbutiante, craintive. Elle se dérobe. Elle ballotte pitoyablement entre l'épanchement larmoyant et la tirade enragée. Elle se fait
l'écho de l'humeur du moment, elle se fait cliché, instantané, ce qui la diminue d'autant. Ce que je veux, moi, c'est prendre de la hauteur, voir les choses dans leur intégralité, réussir à
dominer une situation qui pour l'instant me dépasse. Au coup par coup j'ai donné. De ces petits poèmes lapidaires où rien n'est dit. Suggérer, survoler, ça ne m'aide pas, bien au contraire. Il
est temps de dire les choses. Et pour dire les choses, rien de tel que l'écriture autobiographique où l'on s'implique sans restriction (ou presque) en investissant pleinement la première personne
du singulier - Je.
L'écriture littéraire attendra le retour de temps moins tourmentés.
On ne contemple pas la limaille d'étoile, ni les métalliques raclures du rail circulaire, quand on doit se
battre au quotidien contre des problèmes bassement matériels.
Aujourd’hui, 22 septembre
2010
Après avoir commis quelques poèmes (Koncentriske Skaller, Captivité,
etc) : panne sèche. La vie m’embarque sur une mer démontée. Du reste je n’avais pas vraiment repris pied depuis le mois d’octobre de l’année dernière. J’essaie d’aligner quelques mots, le
soir, dans un cahier désespérément vierge. Ça ne vient pas.
Impuissance puissance 10.
Jusqu’au jour où, big bang, j’inspire un grand coup. J’écris ce roman :
Amor.
Depuis, pas grand-chose. Quand j’écris romanesque je ne peux plus écrire poétique. Je livre ici
quelques vers qui font exception à la règle, dont il ne restera rien dans la mémoire du lecteur, encore moins dans la mienne. C’est un instantané. Arrêt sur image, un matin de septembre, où
j’éprouvais un peu « le mal de vivre » - Oui, ça m’arrive.
C’est mon jardin sauvage
Aux vignes vierges rouges
Où tisse l’araignée
Sa toile encore perlée
De pleurs et de rosée…
TS