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Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

journal d'un ecrivain

Les mots pour le dire

Publié le 23 Septembre 2010 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

Jeudi 23 septembre 2010 – La douce lumière matinale de septembre est source d’apaisement, voire, source d’inspiration. J’ai confiance. En la reconstruction du blog à travers les textes fondateurs de ses versions précédentes, non satisfaisantes. Au fond. Il s’agit moins d’étoffer le blog que de regrouper ce que j’ai pu écrire, ces derniers temps, sur l’écriture. En particulier bien sûr la mienne. Je ne saurais m’aventurer dans des considérations générales, pour le moins déplacées, sur la littérature d’autrui.

J’aurai tout essayé : le blog généraliste ; le blog photo ; le blog autobiographique. Je reviens toujours au blog littéraire. Chassez le naturel…

L’heure a sonné de commencer à publier ici mon dernier roman Amor. Je ne me fais aucune illusion. Je sais par expérience qu’il ne sera suivi que de très loin par des lecteurs occasionnels. On en survolera quelques lignes tout au plus. Mais ça n’a pas d’importance. L’essentiel étant, pour moi, de laisser trace de mes écrits. Si je ne mets pas Amor sur le blog, Amor sera perdu comme les autres manuscrits.

Je ne peux pas me résoudre à perdre tout ce que j’ai écrit. Mes livres (ceux dont je suis l’auteur) sont à peu près la seule chose au monde dont je refuse absolument de me séparer. Derrière moi j’ai laissé, récemment et par force, le tiers, peut-être même davantage, de ce que je possédais. J’ai découvert, à ma stupeur, ce qu’est le dépouillement.

C’est une espèce de renaissance.

En ces jours douloureux mais résignés de renaissance est né ce roman comme s’il ne m’était resté, pour me défendre, pour m’affirmer, que les mots pour le dire ! Amor a vu le jour. 

Ce texte qui m’aidait à vivre dans les moments où je perdais presque tout, ce texte, a ressuscité mon inspiration.

J’espère quand même qu’il sera lu. Un peu.

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Territoires littéraires, terre brûlée

Publié le 22 Septembre 2010 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

Mercredi 22 septembre 2010

 

     Lueur dorée sur les troncs d’arbre.

     Être écrivain. L'éviscéré.

     Qui se délabre.

 

Je paie la rançon de mes heures et de mes journées d’écriture. Lourd tribut. Comme toujours à bout de forces, le souffle court, sur les rotules. Cannibale d’écriture qui nous bouffe de l’intérieur. En quoi, de quoi nous délivre-t-elle ? Puisque elle nous traîne, à notre insu, contre notre volonté, sur les sentiers battus dont on s’était écarté…

Malgré tout je persiste et je signe. Ne pas écrire, c’est ne pas être la moitié de soi-même. C’est être inhabité. Je préfère que ce démon-là me possède et me rende à ma première et fondamentale identité.

Conflits intérieurs. Dédoublement de la personnalité. J’assumerai, jusqu’à la brisure, cette lutte interne, où les entrailles même se font champ de bataille, où chantent les viscères ! leur chant d’amour leur cri de guerre.

Je ne sais faire qu’écrire, et si l’on m’en privait, si je ne pouvais plus, je ne serais plus rien.

 

Quelques mois en arrière, sur un autre blog

 

Je perds, inéluctablement, le contact avec mon écriture littéraire. A force de la crypter sur les sites publics pour qu'on m'y voie transparaître le moins possible, et pour l'avoir réduite au format blog sous forme de micro-création littéraire, elle m'est devenue comme étrangère pour ne pas dire complètement indigeste. Je patauge dans le pauvre plagiat de mes écrits antérieurs. Je ne fabrique plus rien de neuf. Sous mes doigts elle sort si bien encodée que je n'y comprends plus rien moi-même. Elle ne m'éclaire plus sur qui je suis. Elle se transforme en étouffoir où je ne trouve plus mon compte ni en termes d'exorcisme ni en termes d'expression. M'être fait "écrivain public" aura signé l'arrêt de mort de ma fibre romanesque. La poésie, cette élégante outrageusement travestie, cette dissimulatrice, cette menteuse, a cassé le fil de mon inspiration. Ne me viennent plus que des images et des mots trop fulgurants pour construire un texte. J'entends : un texte ayant du sens. Des essais manqués voilà tout ce que je peux donner. Ça m'aura coûté cher d'adapter à l'écran (de mon ordinateur) l'écriture que je pratiquais en secret depuis près d'un demi-siècle.

 

Corps écorce corde

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Drogue mandragore

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Métalliques raclures du rail circulaire

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Heures quadrangulaires

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Je respire du fer

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Et je rends de l'or pur

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C'est mon cuir encore chaud

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Qui te sert de ceinture

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Ruche sans reine

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Limaille d'étoile

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Jardins saccagés

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Et mon ombre s'étend

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Jusqu'au bord de la Terre

 

Syndrome S

 

Mental Massada

 

Testament Ter

 

 

Mon corps poétique, donc, s'est vidé de sa substance et de son sang. J'en collectionne les débris sur des pages raturées. Ce sont là des brouillons sans message, sans intérêt, sans avenir.

Dans l'espoir insensé de renouer avec l'écriture (puisque je ne parviens plus à écrire quoi que ce soit pour moi-même, dans mon coin) je voulais au départ faire de ce blog un blog littéraire. J'y ai du reste publié une poignée de textes que j'ai bien vite supprimés parce qu'ils ne transpirent en rien l'air que je respire autour de moi ces temps-ci. Je voulais témoigner d'un cauchemar quotidien, d'une inquiétude et d'un découragement grandissants. Il faut croire que plus on va mal moins on sait écrire. En tout cas, la littérature à proprement parler s'accommode mal de ces états mutants, de ces crises existentielles qui nous traversent de part en part à certaines époques de notre vie. Elle est instable et boiteuse comme nous, tâtonnante, balbutiante, craintive. Elle se dérobe. Elle ballotte pitoyablement entre l'épanchement larmoyant et la tirade enragée. Elle se fait l'écho de l'humeur du moment, elle se fait cliché, instantané, ce qui la diminue d'autant. Ce que je veux, moi, c'est prendre de la hauteur, voir les choses dans leur intégralité, réussir à dominer une situation qui pour l'instant me dépasse. Au coup par coup j'ai donné. De ces petits poèmes lapidaires où rien n'est dit. Suggérer, survoler, ça ne m'aide pas, bien au contraire. Il est temps de dire les choses. Et pour dire les choses, rien de tel que l'écriture autobiographique où l'on s'implique sans restriction (ou presque) en investissant pleinement la première personne du singulier - Je.

L'écriture littéraire attendra le retour de temps moins tourmentés.

On ne contemple pas la limaille d'étoile, ni les métalliques raclures du rail circulaire, quand on doit se battre au quotidien contre des problèmes bassement matériels.

 

 

Aujourd’hui, 22 septembre 2010

 

Après avoir commis quelques poèmes (Koncentriske Skaller, Captivité, etc) : panne sèche. La vie m’embarque sur une mer démontée. Du reste je n’avais pas vraiment repris pied depuis le mois d’octobre de l’année dernière. J’essaie d’aligner quelques mots, le soir, dans un cahier désespérément vierge. Ça ne vient pas.

Impuissance puissance 10.

Jusqu’au jour où, big bang, j’inspire un grand coup. J’écris ce roman : Amor.

 

Depuis, pas grand-chose. Quand j’écris romanesque je ne peux plus écrire poétique. Je livre ici quelques vers qui font exception à la règle, dont il ne restera rien dans la mémoire du lecteur, encore moins dans la mienne. C’est un instantané. Arrêt sur image, un matin de septembre, où j’éprouvais un peu « le mal de vivre » - Oui, ça m’arrive.

 

 

C’est mon jardin sauvage

Aux vignes vierges rouges

Où tisse l’araignée

Sa toile encore perlée

 De pleurs et de rosée…

 

TS

 

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Naissance d'un roman

Publié le 21 Septembre 2010 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

Dimanche 12 septembre 2010 - Des évènements récents m’auront au moins permis de remettre la main sur mes premiers écrits. Des romans écrits d’une traite presque sans rature dans des cahiers à couverture rouge. Il y en a des dizaines et des dizaines. Il y a aussi des manuscrits épars auxquels il manque des pages. Et de nombreux textes tapés à la machine puis sur mes ordinateurs successifs. Enfin, des tapuscrits reliés qui m’ont été renvoyés par des éditeurs avec ou sans lettre. Toute ces années d’écriture, en gros quarante-cinq ans, représentent le tiers de ce que je possède encore (ayant dû me séparer de très nombreux biens matériels ces dernières semaines).

En les retrouvant je me demandais ce qu’il restait vraiment de tout ça mis à part des feuilles de papier couvertes d’encre bleue, de bic noir ou dûment imprimées en vue de leur publication. Qui les a lues ? Moi-même je me souviens de si peu de choses. Les titres m’évoquent tous un souvenir assez précis mais je n’en garde quasiment aucun de l’histoire que racontent ces livres pour beaucoup inachevés.

Il n’y a pas très longtemps je croyais encore, dur comme fer, qu’on les retrouverait après ma mort et qu’on en ferait quelque chose. Entre temps j’ai cru comprendre que personne ne s’y intéresserait puisque je suis sans descendance et sans véritable ami(e). Tout au moins les gens que je croise dans ma vie, qui me connaissent pour ce que je suis à la ville, ne savent pas que j’écris. Ne savent pas – que je suis Thaddée Sylvant.

Thaddée Sylvant a vu le jour en 1987.  Thaddée Sylvant a 23 ans. C’est très jeune. A cet âge-là on peut prétendre à un avenir.

Mais l’avenir que je lui souhaite, à Thaddée Sylvant, ne peut plus se contenter de textes inachevés gribouillés sur des feuilles volantes ou de fichiers informatiques exposés à des bugs qui ne pardonnent pas. Je prendrai l’exemple de la photographie dont quelqu’un me disait très récemment : « On n’a jamais pris autant de photos que de nos jours. Mais qu’en restera-t-il ? Où sont les albums qu’on feuillette en famille et qu’on transmet en héritage aux jeunes générations ? »

Je suis bien d’accord avec cette parole censée. L’ère du numérique, c’est l’ère de l’éphémère.

Mais qu’ai-je transmis, moi-même, de mes œuvres de papier ? Qui a lu ce que je tenais il y a dix ou quinze ans pour mes chefs-d’œuvre à la violence inouïe ? Si ces papiers prenaient feu, si ces papiers prenaient l’eau, que m’en resterait-il à part des regrets plus amers que n’importe quoi d’autre !? Regrets de ne pas m’être fait connaître quand il était temps !

Mais Thaddée Sylvant n’a que 23 ans et toute sa vie est devant.

Je crois, du plus profond de moi-même, qu’un auteur écrit toute sa vie le même livre en variant un peu, c’est tout, l’intrigue et les noms. Par conséquent j’ai le temps de réécrire ce que j’ai déjà écrit sous une autre forme. Et pour que ça ne finisse pas dans le tas impressionnant de paperasses qui me prennent de la place en attrapant la poussière je l’écrirai sur l’ordinateur et le protègerai comme il se doit pour que ce ne soit ni perdu ni volé.

J’ai recommencé à écrire ce matin, dimanche 12 septembre 2010. Une nouvelle qui pourrait devenir un petit roman je ne sais pas encore. Son titre d’origine était « L’enclos ». Il s’intitule maintenant « La lucarne ».

Et je veux le publier sur mon blog pour sortir des mes sempiternelles rééditions des Fragments et des Crypties. Je n’ai pas écrit que ça dans ma vie loin de là. Je n’ai pas fini d’écrire non plus. Du moins, j’espère que je n’ai pas fini d’écrire…

Pour plus de visibilité, la nouvelle est publiée dans la Rubrique « La lucarne, nouvelle ».

 

  NB – 21.09.10 - Entre temps La Lucarne, nouvelle, est devenue Amor, roman (Texte déposé dans son intégralité sur CopyrightFrance ce jour 21 septembre 2010, voir logo cliquable dans la colonne droite du blog).

 Pour plus de visibilité le roman sera publié dans la Rubrique qui lui dédiée, colonne droite du blog : Amor, roman, 2010.

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Mutations, états intermédiaires

Publié le 1 Mai 2009 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

Je vais où va mon écriture et je ne sais pas toujours où m'entraîne l'écriture. Plus qu'un miroir c'est une porte. Une porte ouverte sur l'inconscient.
Je ne répéterai jamais assez que la micro-création littéraire que je pratique sur les blogs est secondaire et sans importance. Je donne la priorité à l'écriture romanesque. Ces quelques poèmes égrenés ci et là sont un moyen comme un autre de ne pas perdre le contact avec l'écriture, une forme d'entraînement cérébral nécessaire à la rédaction de textes plus conséquents.
J'ai renié les trois-quarts des Crypties et j'en ferai autant pour Collapsus.
Poèmes instantanés, périssables, c'est ainsi que je les ressens. Le gros du travail littéraire, évidemment, ne se fait pas sur les blogs. Il se fait en solitaire, il se fait en silence. Il se fait sans le dire.
Cette année, je n'ai pas écrit un seul roman et ça me manque terriblement. Nous sommes en novembre, il serait temps... Temps de prendre un peu mes distances avec les blogs pour me consacrer à l'écriture d'un nouveau livre. Mais ce n'est pas moi qui décide. Les livres s'écrivent quant ils veulent, et pas comme on veut.
Ce n'est pas l'inspiration qui me manque, ni le temps. Ni l'envie. Juste, je ne parviens pas encore à me poser. LesFragments me tirent en arrière. La vie me fait aller de l'avant. Une période transitoire qui s'éternise...
Ce n'est pas désagréable en soi mais c'est un peu stérile.

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Quand je joue "double je"

Publié le 1 Avril 2009 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

A la lueur des événements dont je suis témoin aujourd'hui je crois pouvoir affirmer que l'écriture m'a sauvé la vie. Du moins, a-t-elle évité que j'empoisonne de trop celle des autres. A la lueur, dis-je, et non pas à la lumière, parce que je n'y vois pas encore très clair.  Je tâtonne encore en quête de réponses. Je me pose tant de questions. Je m'étonne...
Toute la noirceur que je porte en moi (depuis quand je ne sais pas) je l'ai versée dans mes livres. Mon récit "Fragments d'une vie brisée" restant l'ouvrage le moins trash de toute ma littérature.
Si je n'avais pas écrit, je ferais pire que ce que font certaines personnes autour de moi depuis quelque temps. Je serais un redoutable agent destructeur (je souris en écrivant ces mots). Je serais cet ange de la mort que j'incarne à travers chacun de mes romans.
L'écriture m'a permis d'entrer dans une espèce de schizophrénie contrôlée. Je peux jouer double jeu sans me brûler les yeux. Je suis je, je suis tu, je suis eux sans faire courir de risque à personne. Une double identité que j'assume en préservant jalousement une part de mystère sans lequel je ne pourrais plus me regarder en face. Quand on me questionne sur l'origine de toute cette souffrance, de toute cette violence dans "Fragments", je réponds que je ne sais pas. Je suggère qu'une grande part d'inconscient s'exprime dans ces pages. L'écrivain, par définition, est un être qui se dédouble dans l'écriture. Ainsi, Thaddée n'est pas Thaddée Sylvant.
Dieu merci.
Une partie de moi baigne donc dans l'obscure clarté des étoiles. Mon double est quelqu'un de terriblement sombre. L'enjeu, c'est de réussir à maintenir les deux séparés. Quand Thaddée Sylvant fait irruption dans mon quotidien, je peux affirmer que je vais très mal. Sa noirceur prend le dessus et me gâche toutes les lumières et toutes les couleurs de la vie. Je vis alors dans un monde écrit à la mine de plomb.

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Déclinaisons d'un psychodrame

Publié le 30 Mars 2009 par Thaddée's dans Journal d'un écrivain

 

L'écriture littéraire, en tout cas la mienne, pour autant qu'elle s'attache à rapporter des faits ayant existé, prend toutes sortes de libertés vis-à-vis de cette réalité. Déjà, parce que cette réalité-là fut à l'époque vécue, perçue comme en un rêve éveillé (mécanisation du sujet). Ensuite, parce que ce sont cristallisées sur le noyau du vague souvenir d'indénombrables émotions qui puisent aux sources du fantasme et du questionnement. Enfin, parce que je ne veux pas, je ne peux pas, rapporter sèchement les faits bruts. Si je le faisais, je ne serais plus dans la littérature mais dans l'autobiographie et ce n'est pas du tout mon terrain de prédilection.

Mais encore, chaque lecteur interprète mes textes à travers le prisme de sa propre histoire et de son propre ressenti. Chacun de mes textes, pour peu qu'on s'y intéresse, on m'en dépossède, on le fait sien.
Voilà quelques unes des raisons pour lesquelles l'écriture littéraire n'est en rien la fidèle transcription d'un fait donné mais bien plutôt miroir déformant d'une réalité déformée.
Ce n'est pas mentir qu'écrire de la poésie (ou tout autre genre littéraire). Ce n'est pas travestir la vérité. C'est rendre possible, avec la complicité du lecteur, l'existence de mille vérités.

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Les livres qu'on ne publie pas / Apertura

Publié le 27 Mars 2009 par Thaddée's dans Journal d'un écrivain

 

 

Crypties, couv-products-16341 copieLes livres qu'on ne publie pas nous pèsent sur le coeur jusqu'à la nausée. Impossible d'avancer.

 Depuis des années mon entourage ne me demandait plus : "tu écris en ce moment ?" mais me demandait : "quand est-ce que tu te fais éditer ?" Et j'étais dans l'impasse, à stagner.

M'auto-éditer chez TheBookEdition est une étape importante, pour ne pas dire nécessaire : elle me permet de jalonner mon chemin de livres finis, elle me permet de tourner la page et d'envisager l'écriture prochaine d'un nouveau roman. Comme on dit, ce qui est fait n'est plus à faire.

Fragments d'une vie brisée, depuis que j'en parlais autour de moi, ça devenait absurde de ne pas le donner à lire. Il m'a fallu des années et des années avant d'en arriver là. Je crois tout simplement que je me suis dit : c'est le moment. Ce sont des choses qu'on sent.

Dans la foulée, j'ai regroupé mes textes poétiques, éparpillés sur l'ordinateur, sur des feuilles volantes, dans un cahier rouge, et sur

bien d'autres supports. C'est en sélectionnant ceux que je voulais publier, que j'ai retrouvé la première version du poème Il y aurait une arche. J'ai très vite compris que j'avais définitivement perdu la version revue et corrigée. Cette perte a dopé le besoin déjà pressant d'en finir une fois pour toutes avec ma poésie. Je voulais tirer un trait. Quoi de mieux, pour tirer un trait, que de tout mettre dans une boîte avec une étiquette collée dessus : Crypties.

Certains se souviennent peut-être que sur OB je regroupais sous ce titre des textes pour la plupart codés. Codés pourquoi ? Parce que sur un blog on ne peut pas se permettre de tout montrer. Par contre un livre s'autorise à tout dire, parce qu'un livre établit une distance respectable entre l'auteur et son lecteur.

Au départ, mon recueil devait s'intituler Chants Phlégréens, comme mon blog. Ça n'allait pas. J'ai fini par choisir de l'appeler Crypties.

Crypties, est un ensemble de textes qui ne présentent aucune espèce de cohésion. Il n'y a pas de fil conducteur, il n'y a pas de ligne directrice. Les zanimo de la maison y cohabitent joyeusement avec mon tragique Apertura. C'est juste une suite de textes d'inspiration plus où moins sombre qui s'inscrit dans une certaine durée, et que j'ai publiés dans l'ordre chronologique.

De nombreuses personnes ont inspiré ces poèmes : mes proches, des blogueuses, des blogueurs, des fantômes du passé. N'y cherchez pas d'aveu, de confession, n'y voyez pas révélé ce que je suis ou ce que je pourrais bien être, ni même ce que je pourrais bien vouloir dire. Moi-même, j'en suis toujours au stade du questionnement.

Certains de ces textes pourront choquer, si l'on oublie que je fait le jeu de l'écrivain.

Je crois que l'écriture, du moins la mienne, ensorcelle la réalité. Au départ je tiens un sujet : quelqu'un, quelque chose, quelque part, et la distance se creuse entre ce sujet, et sa transcription. Mais n'est-ce pas le propre de la poésie, que de nous promener dans un palais des glaces ? Où est le vrai.

Une maison sans murs, une barque qui prend l’eau, un silice de crin, Sibylle dans sa crypte – où est le vrai ?

Mes traversées du désert, ce couteau dans ma poche, et ce papier à lettre sur lequel serait écrit : ce que je rêvais d’être, que je fus peut-être, et que je ne suis plus.

Crypties, je crois, fait la part belle au fantasme. Et les fantasmes sont toujours un peu difficiles à décrypter.

 

 


 

Apertura

 ~~~

Coupable / De quel crime / Les récifs de corail / Et les perles de nacre / Ont écroué mon cœur / J’ai la conscience / Tranquille

Je porte à mon cou / Le caillou du scandale / Mais les cris de rancœur / A la merci du sable / Se tassent / Et s’assourdissent

Ainsi tes sandales de cuir / Dont j’ai perdu la trace / Et qui restent l’écueil / Des antiques spectacles / Et du trac / En public

J’ai barré tout ce temps / Par les nuits sans étoile / Mais un vent de panique / A retourné ma barque / Les forces / Me quittent.

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© 2008 Crypties, 2008

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Ecrire, qu'est-ce que c'est

Publié le 1 Mars 2009 par Thaddée Sylvant dans Journal d'un écrivain

Je voudrais dire encore : écrire, dire qu'on écrit, montrer ce qu'on écrit, publier ce qu'on écrit, partager ce qu'on écrit, c'est prendre un risque. C'est : se démasquer, s'exposer à la critique, encaisser le silence qui juge et les mots qui font mal. C'est : douter de la sincérité des éloges. Se dérober aux questions trop pressantes et trop indiscrètes. Souvent répondre : je ne sais pas.
Écrivains nous sommes, disais-je. Ou plus simplement comme ditOrfée : Passeurs de parole. En quelque sorte messagers. Je ne conçois pas l'écriture autrement. Je n'écris pas. Mes livres s'écrivent à travers moi. Mes livres me traversent, en m'écorchant comme une lame. Ils m'ont tous fait tomber malade. Bien peu cependant ont réussi à me tirer des larmes.
Écrire. C'est être l'Outil de Quelque Chose qui nous Dépasse. Et quelquefois l'outil se rompt : rien n'aboutit. D'autres fois, l'outil se plie, plus ou moins docilement, aux rigueurs de l'ouvrage. Et le livre est fini.
Écrire : c'est malgré soi. Dans "Écrire", il y a le mot "Cri".

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