Lettre à une amie triste
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L'écriture continue, chaotique, secouée d'incohérents soubresauts, comme si je n'étais qu'à moitié là, pas tout à fait à mon travail, plutôt en état de léthargie. Le tragique de l'histoire c'est que je veux et ne peux pas. Mais il me semble que quelques jours de repos intellectuel feront l'affaire et me remettront en selle. Ce matin j'ai rédigé la valeur de six pages dont je ne sais pas ce qu'elles valent. Je n'ai plus assez de recul pour en juger. J'ai corrigé certains passages antérieurs. J'essaie de voir ce que ça va donner.
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Lettres Delacroix Maisons Alfort
1) Prologue de la Marmite , PLaute (vers 200 avant J.C) 2) Prologue de , Shakespeare, 1594 3) Prologue du, Claudel, 1929 4) Prologue d' Antigone , Anouilh, 1944 1) Quelle relation les comédiens ...
Image en haut à droite : Masque tragique, Villa d'Oplontis
Pour ainsi dire je m'essouffle et je n'ai plus assez de lucidité pour poursuivre ce que j'ai si bien commencé. Mais peut-être que je me trouve simplement devant un épisode fort cruel de mon roman pour lequel je ne peux me permettre la moindre faiblesse. Alors j'attends.
Ce n'est pas un mauvais jeu de mots que de dire que dans sa pente descendante, entendons l'approche de la fin, le terrain est glissant. Il n'y a pas toujours moyen de se raccrocher aux herbes. Un faux pas, un faux mouvement, et vous êtes bon pour le cimetière des œuvres inachevées.
Il va me falloir, j'en ai peur, quelques jours avant de me remettre mon livre. Je connais bien cette sensation d'impuissance et je ne m'affole pas outre-mesure. Ce temps mort peut me permettre d'écrire quelques poèmes, voire, pourquoi pas, une nouvelle.
Je me souviens d'un roman que j'avais mis de côté des années durant pour le terminer d'une traite après tout ce temps. A l'époque, une amie voulait le publier dans sa petite maison d'édition mais impossible de caler le moindre rendez-vous professionnel, ce n'était pas sérieux, j'ai laissé tomber. Ce n'est là qu'une des nombreuses déconvenues qui jalonnent mon parcours d'écrivain raté.
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Je voulais faire boum à vingt ans comme Rimbaud. J'ai même rencontré à Paris un spécialiste de Rimbaud, Alain Borer, qui m'a donné son ancienne adresse à Charleville où j'ai séjourné, pas loin de l'ombre froide et noire des forêts, entre Meuse et moulins.
Alain Borer (source inconnue) →
J'arrive à mon âge sans qu'un éditeur ait jamais voulu se pencher avec bienveillance sur ma littérature. Je me suis fait rattraper par Internet, par la réalité d'aujourd'hui qui dépasse l'imagination d'hier, par la masse innombrable des gens qui se targuent d'écrire et qui ne sauraient pas épeler correctement le mot orthographe.
Je n'en veux à personne, je n'en veux plus même à moi-même. Ai-je l'impression d'avoir loupé quelque chose ? - Oui. Mais il n'est pas trop tard.
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Hier soir, le ciel était d'un bleu tout simplement improbable tellement qu'il était pur et piquée dedans, pour seule parure, une unique étoile un peu dingue, avec toutes ses aiguilles qui tiraient dans tous les sens. On se serait cru dans le désert.
J'ai trouvé le sommeil avec cette image-là fichée dans la tête. Ce matin au réveil je l'avais oubliée. Elle a resurgi sous mes doigts lors que j'écrivais. Nous avons plein de souvenirs comme ça qui s’anéantissent dans des trous noirs de notre crâne et qui revoient le jour au moment où nous nous y attendons le moins. Certains, dans un flux de souffrance. Et d'autres, nous rendre confiance en demain. (← Cabinet anthropomorphique, Dali, 1936 )