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Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

Je suis la mer d'Aral

Publié le 29 Mai 2014 par Thaddée in Journal d'un écrivain, Photo et Vidéo

La seule chose que je cherche finalement, c’est de faire ce que je suis, et d’être humblement ce que je fais …, ce n’est déjà pas facile, nous nous fabriquons tellement de facettes, qu’il y est parfois difficile de se retrouver soi-même ...

Bernard Maignan

Je suis la mer d'Aral

Vous voyez ce que c'est la mer d'Aral ? - Cette mer asséchée par la folie des hommes, qui fait pitié à voir avec toutes ces épaves et ces poissons fossilisés dans sa poussière. Eh bien je n'en suis pas loin. Mon inspiration s'est asséchée du jour au lendemain, et même d'une minute à l'autre, sitôt que j'eus entendu le trait morbide et choquant d'une certaine personne auprès de laquelle je travaille, et que je ne peux répéter ici. Une image de mort si glaçante qu'elle a généré comme une onde de choc à travers tout mon être, et que ce matin même en ouvrant les yeux c'est elle, maudite image, avec tout ce qu'elle suggère, qui m'a souhaité le bonjour.

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Et j'ai marché, marché ... pas sur cette plage mais dans les rues baignées de lumière pour me délivrer de ce frisson, de cette sensation de froid, de ce stress dont je ne viens plus à bout tant il est flagrant, qu'autant qu'on puisse oeuvrer pour le bien de certaines personnes, elles sont irrécupérables, et soit dit en passant ne songent qu'à vous faire du mal.

Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je balaierai d'un geste la mer d'Aral et sa poussière, les bateaux morts et puis le reste.

La vie est là, simple et tranquille. Et le ciel bleu par-dessus les toits. Visez-moi un peu ces petits pots de fleurs comme ils savent nous faire un clin d’œil et nous dire : Eh ben quoi. Tu flippes ? Alors qu'il y a tant de soleil et tant de couleurs. La fraîcheur du matin n'est-elle pas une bénédiction ? Faut-il vraiment que tu te gâches à ruminer, ce beau jeudi de l'Ascension ?

Mazette. Oui. Parce que je ne peux plus écrire une seule ligne. Je ne suis plus là, comprenez-vous ? - Je suis dans un trou noir où tournoient les étoiles broyées. Je n'y peux rien. Je m'atomise.

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Hier au soir me venait l'idée que l'écriture ne pouvait pas tout dire. Mieux : elle ne doit pas tout dire. Son pouvoir de suggestion est de loin plus fort et plus évocateur que n'importe quelle interminable et fastidieuse description. Ainsi, plutôt que de récurer à la petite cuillère certaines séquences du roman, dont le développement stériliserait l'imagination de mes lecteurs (si tant est que j'en ai) je me limite à quelques mots (dont on sait qu'ils peuvent générer une image glaçante, voir plus haut). C'est alors qu'il va falloir au lecteur être d'une extrême vigilance, car ces quelques mots d'une importance capitale sont disséminés dans l’épaisseur du texte et décident à eux seul de son orientation vers un dénouement certain.

Je suis la mer d'Aral

Le détail touche plus que la totalité. La plénitude est dans le fragment, qui ne manque ni de sens, ni de profondeur, et qui dit ce qui n'est pas dit mieux que si c'était écrit noir sur blanc. Venez à moi les petits enfants que je vous conte à demi-mot la caresse du soir, l'ébauche d'une mâchoire, la reptation des corps, et l'indicible silence où tout cela va s'engouffrant comme la mémoire elle-même, ô, ne pas écrire ce qu'il en est, n'est-il pas encore plus fort et plus beau que le crier sur les toits ?

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Peut-être qu'au fond, la seule chose que je cherche c'est de retarder l'instant fatidique de la fin, qui me verra les mains vides (entendez sans mon bic) et la tête encore plus. Ou bien je me prépare à l'assaut final. Ou bien, ai-je simplement besoin d'une pause, et de rassembler mes forces et mes esprits. L'écriture d'un livre n'est pas de tout repos qu'on se le dise. Je ne vais pas m'en plaindre : je ne vis (presque) que pour ça. Le tout c'est de se rendre disponible de corps et d'esprit et pour l'heure, je ne le suis pas.

A gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine DebardA gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine Debard

A gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine Debard

A celles, à ceux qui me font le bonheur de passer par ici je souhaite un agréable jeudi de l'Ascension. Dans l'après-midi je me bloquerai un moment pour lire vos commentaires, y répondre, et vous rendre visite à mon tour. A tout à l'heure, je vous embrasse.

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C
Les photos de ces pots tout en couleurs viennent en contraste des épaves de bateaux de la mer d'Aral.<br /> Les étoiles ne sont pas broyées, elles ne demandent qu'à vivre.
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T
D'énormes pots,comme des jouets.
T
D'énormes pots,comme des jouets.