Peut-être bien qu'au fond c'est ma faute si mon blog n'est pas plus fréquenté. A force de partir j'ai perdu mes contacts et brisé des liens. Et puis je ne perds pas de vue que ma plus grosse erreur sur les blogs fut d'en ouvrir un, en juin 2007, sous mon nom d'écrivain. Tout de suite j'ai senti le blocage qu'engendrait cette drôle de situation : comment peut-on pousser d'un seul coup, en toute impunité, sur la place publique, l'écrivaillon secret qu'on a été toute sa vie durant ? Voyez-vous, rien n'est naturel ni spontané sur ce blog. Pas plus que mes poèmes tarabiscotés que mes photos pour la plupart retouchées. J'ai bien eu quelques épisodes désopilants qui cassaient l'image que je donne de moi depuis le début. Que je donne sciemment, ou à mon insu ? Et est-ce que cette image n'a pas été récupérée par mes lecteurs, mes visiteurs, mes amis, pour me figer à tout jamais sous l'étiquette : "Oh Thaddée, c'est quelqu'un de bien lunatique, on ne compte plus ses départs et ses retours". De ce fait, comment pourrais-je faire autrement désormais, que partir, encore et encore, puisque je suis lunatique pour tout le monde et pour moi-même à force de me l'être entendu dire et répéter.
J'aimerais parler de ma vie. Mais Thaddée Sylvant n'a pas de vie : c'est un porte-plume. En ce moment c'est une page blanche. Qui n'a rien à dire. A qui l'on ne dit rien. C'est le silence (à quelques exceptions près).
Et pourtant je sais que j'ai plein de choses à raconter, mais pas sous ce nom, et peut-être pas ici. Je sais que mes doigts vont très vite sur le clavier quand je peux m'exprimer en toute liberté, sans faire trop attention à ce que je dis. Quand je permets à mes quatre petites vérités de se faire la belle, elles sentent bon la spontanéité, la sincérité, ces quatre petites vérités. Qu'ici : je me bloque ; je me bride ; et je me bâillonne. C'est le propre de Thaddée Sylvant de masquer son vrai visage et de crypter sa pensée. Si je veux être vraiment moi-même et me laisser aller à l'être sans contrainte et sans retenue il me faut renoncer à être Thaddée Sylvant sur les blogs. C'est ici le dilemme, la dualité, que je n'ai jamais pu résoudre, et que je ne résoudrai jamais.