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Le blog de Thaddée

"Ce qui parle le mieux de nous, ce n'est pas ce que nous disons, c'est ce que nous faisons. Je fais des livres qui parlent de moi sans le dire." TS | Actualité OB Kiwi et plates-formes de blogs, Déco blogs, Balades à Sète, Chroniques lyonnaises et fidésiennes, Escapades, Histoires de chats et d'oiseaux, Littérature, Photographie, Société, Poupées, Tricot, La vie ... Communauté : "Victor & Victoria", esprit shabby chic, romantique et cosy.

journal d'un ecrivain

L'insurrection poétique

Publié le 5 Mars 2015 par Thaddée dans Journal d'un écrivain

"La poésie peut encore sauver le monde en transformant la conscience" Lawrence Ferlinghetti
Fait de langue, la poésie est aussi, et peut-être d'abord, « une manière d'être, d'habiter, de s'habiter » comme le disait Georges Perros.
Parole levée, vent debout ou chant intérieur, elle manifeste dans la cité une objection radicale et obstinée à tout ce qui diminue l'homme, elle oppose aux vains prestiges du paraître, de l'avoir et du pouvoir, le voeu d'une vie intense et insoumise. Elle est une insurrection de la conscience contre tout ce qui enjoint, simplifie, limite et décourage. Même rebelle, son principe, disait Julien Gracq, est le « sentiment du oui ». Elle invite à prendre feu.

Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes

Honnêtement ? - Je ne m'intéresse pas au Printemps des Poètes. Plus jeune, j'ai lu beaucoup-beaucoup de poésie : Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Lamartine, Victor Hugo, Saint-John Perse, Apollinaire, Mallarmé, et j'en passe. Je lis les poètes que je choisis, pas ceux qu'on m'impose ou qu'on me suggère de lire. Pour moi, la poésie c'est aussi le style d'une prose, le pouvoir évocateur de quelques mots, le mode de pensée ou de vie de certaines personnes. A ce propos, je fréquente un blog depuis maintenant plusieurs années, parce qu'il est à mes yeux un formidable recueil poétique _▼_.

L'administrateur de ce blog (homme ou femme je n'ai jamais su et je ne veux pas le savoir) collecte au cours de ses lectures des phrases, des passages éminemment poétiques. Il les illustre de croquis hâtifs ou de photos décalées. Grâce à lui j'ai découvert des citations d'une force qui pulvérise tous les poncifs du genre. Grâce à lui je lis de la poésie presque tous les jours de ma vie.

La tête sur la roue / j’avance face contre terre / lié par ce solide mouvement / qui ne se peut briser qu’il ne me jette — / Je roule dans le cadre fermé / avec la solitude à droite et le grand pont / rouillé à gauche. _

Benjamin Fondane

Et si toi tu es mon trésor occulte, / si tu es ma croix, ma douleur mouillée, / si je suis le chien de ton domaine, /… / ne me laisse perdre ce que j’ai gagné / et décore les eaux de ton fleuve / avec des feuilles de mon automne désolé._

Federico Garcia Lorca

Je suis dans la noirceur et j’entends ma puissance / Faire un bruit sourd, battant l’espace rapproché, / Alentour un épais va-et-vient de distances / Me flaire, me redoute et demeure caché. / Je sens tout se creuser, ignorant de ses bornes, / Et puis tout se hérisse en ses aspérités _

Jules Supervielle

L'insurrection poétique

Si je tiens à parler du Printemps des Poètes, spécialement cette année, c'est aussi pour rappeler que la parole, écrite en l'occurrence, a tous les pouvoirs : celui de charmer les gens, celui de changer les choses. Et qu'il n'est nul besoin de tirer à la kalachnikov pour se faire entendre. Les poètes engagés (Eluard, Aragon) n'avaient pour arme que leur plume, et pour munitions que les mots. La poésie ne fait pas couler le sang. Mais elle peut faire couler des larmes. Est-ce que certains d'entre nous tueraient par manque de vocabulaire ?

En soutien à Charlie Hebdo : hommage des poètes

En suivant le lien que je vous indique ci-dessous _▼_, vous pourrez lire une quinzaine de poèmes dédiés à Charlie Hebdo, victime d'un attentat au début du mois de janvier 2015. Certains sont courts, d'autres plus longs ; mais ils ont tous en commun la volonté de mettre en lumière l'horreur et l'injustice des actes terroristes, la stupeur, la colère - la liberté.

L'insurrection poétique
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Mena (traduction en bon français)

Publié le 30 Octobre 2014 par Thaddée dans Mini-nouvelles, Journal d'un écrivain

Comme promis, je vais vous traduire en bon français la courte nouvelle Mena qui participait au concours organisé par Overblog sur le thème d'Halloween. Nous sommes le 30 octobre, Overblog a rendu publics il y a quelques jours les résultats de concours. Ont été sélectionnés des articles dédiés au déguisement, au maquillage, à la cuisine, à la déco d'Halloween. Pas d'auteurs littéraires parmi les lauréats. Vous pouvez retrouver ma nouvelle illustrée ci-dessous _▼_

Je recopie le texte d'origine ci-dessous, que vous puissiez y jeter un coup d’œil si vous ne l'avez déjà fait. A noter : que j'ai écrit directement ce texte dans une langue incompréhensible et chaotique, tout simplement parce que je cherchais un angle d'attaque susceptible de passer pour gothique. Rédiger en bon français me paraissait un peu fade en la circonstance. Je voulais d'un texte opaque et noir qui, au final, m'a fait beaucoup rire, ce qui n'était pas le but mais on ne maîtrise pas toujours le résultat qui découle d'une idée. J'ai pris beaucoup de plaisir à cet exercice littéraire. Les premières lignes furent très compliquées ! - Ensuite, si j'ose dire, le pli était pris. Je butais sur quelques mots plus difficiles à déformer ou substituer mais dans l'ensemble, la rédaction ne m'a pas posé problème. Le texte d'origine ci-dessous _▼_

- Mon mère qu'ça casse la barre, injecte Jail à son duo d'alter-égo. Djam vu de nox à point comme ci.

- C'ty com' le mage de la créa prime, balb Joy boulev-toute. M'en fie point mein oculus.

Solit Jude, el ter, erdit nada. Tel si l'émo le claffait vif, el mire el gel violette confit d'étioles prune.

- C'ty le dit-lieu pour canter nos vols, firme Jail qu'est le cap du trio. Ci-contre on pouv' pas tenir max prox de Sat.

- Mein Der, injoncte Joy en se seignant verso. C'ty me fax res, c'ty tel bel !

Lors, de leurs iris orange et nocti manus, les ter goth voquent le gel in citant leur incant.

Hic, in le vieil cime désaf', inter les pulcres fracasse auxes crucis in fraille, le psaulment in rotulus per terra, in closant leurs iris orange, hoc ciant d'arrière-avant.

Mein Der del nox obscurus

Te mandons par trio l'aeter

Capte noster amula

Frande-nous l'aeter !

- Mena, clôt hic el ter, Jude, très bel goth auxes iris noirs et pel d'or.

"Haye, erdit Jail in oculant alentour. S'que c'est okay ? - Comme eter cert à sang pour sang ?"

El trio se verticalise, hic et nunc, par dessous le gel violette confit d'étioles prune. Etc les tombulus qu'on ouït vagir dolce tel nouvel-né, tel moribond, tel bestial sed quel ? - Jail & Joy s'entre-oculent, pas top quiets, voire minimum frayes.

Quelque alba mort-aura se lève del proximus tombulus béant, cependant que vagit le gisant dont ne se vey qu'une haille malolfactive et terra métamorphe. "Quittons, erdit Joy avec un tremble in voce. Ce dit-lieu me fraye, c'est path and flip ! "

Jail tombe d'ac' avec Joy. Captant sa manu toute roide il tire in exit. Lors que la mort-aura qui vagit, se dresse-séant, l'orbite et la boca fumerolles ! Oh non ! Trop proximus del haille qui malodore et tourne l'air d'un humanus ! Il est nunc vertical, tel crucis, et vente avec les humérus !

Rhâââââââ ! pulsent in chora Jail & Joy sed les tibias leur manquent pour se poindre hors manu del haille, lors quel fugit in air son expire de fuel !

Solit, Jude ne bronche.

Mein Der del nox obscurus, cite-el in caverne voce, Te mande solit el aeter, investis mein corpus, capte mein amula, y frande-me l'aeter !

Sitôt qu'erdit Jude, el haille avec el rictus frayant, el sol qui lui sort par l'orbite et la boca, se meut en spire ébullante, et Jude entre ses humérus in crucis, et le capte in sey !

Lors, du gel chutent les étioles avec le fiel de Sat, des tombulus béants se matièrent les morts-auras, et la terra crépie d'étioles, fact des trous in terra, d'hic fugit el fuel del Sat ! In center, maximus, tel bel Sat auxes iris obscurus, al pel qui flambe, Jude se porte en branle sus Jail & Joy, canant tel horrifuge, tel bel qu'exit le vif in morte !

Et des étioles noires in manu, in cap nouvel del nox obscurus et spirit frayant, Jude tire versus la cité proxima, oncques l'oculus inject carlate, et maxi vox des semper morts-auras, frayant, niet coercibles, tel bel qu'el sol in nox !

Erdit ! ... in via del cité :

Sey nox obscurus, sine amula, sed aeter in mein spirit and corpus ! Oye, populo, SEY IN SAT !

(c) Thaddée, le 26 octobre 201

Textes cryptés : pourquoi, comment

Depuis ma prime jeunesse j'ai le goût des langues barbares auxquelles on n'entrave rien. Je me rappelle avoir eu un tee-shirt jaune poussin (toujours en ma possession d'ailleurs, quoique défraîchi et par conséquent pour moitié illisible) imprimé d'un lumineux charabia signé Boris Vian, et qui s'intitule "Un jour".

Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l'arcanson
Que l'on s'enchâssera dans l'oeil d'un geste élégant
Il y aura l'auraille, plus cruel
Le volutin, plus dégagé
Le comble, moins sempiternel
Le baouf, toujours enneigé
Il y aura le chalamondre
L'ivrunini, le baroïque
Et tout un planté d'analognes
Les heures seront différentes
Pas pareilles, sans résultat
Inutile de fixer maintenant
Le détail précis de tout ça
Une certitude subsiste : un jour
Il y aura autre chose que le jour.

Boris Vian

Vous vous souvenez peut-être d'un poème que j'avais écrit, où s'exprimait dans un patois approximatif une vieille femme. A lire ou relire ci-dessous _▼_.

J'aime assez crypter mes textes. C'est à la fois : jeu et protection. Un texte dans lequel on n'entre pas reste ma propriété, laissant le lecteur derrière la porte. Ni mépris ni provocation. Juste un besoin viscéral de verrouiller le sens, pour qu'un autre sens, plus obscur, en réchappe. Est-ce que vous comprenez ?

Chaque auteur a ses raisons personnelles de crypter son écriture. Ce peut être par jeu, comme dans le cas de ma nouvelle Mena. Ce peut être aussi pour les besoins du scénario. Imaginez un roman dont l'action se déroulerait à l'époque préhistorique. On na va pas broder dans la langue de Balzac ! - Et tout à l'avenant. Ainsi, An'Maï s'est inventé une langue bien à elle dont elle parle mieux que moi dans l'article que vous pouvez lire ci-dessous. Une langue âpre, au plus près des éléments naturels qui restent, à ce jour, les rois de la terre. Dans cet article, An'Maï explique ce que c'est une "conlang" _▼_.

Assez disserté. Voici la traduction en bon français de ma nouvelle Mena. Je sens bien que je vais moi-même connaître quelques difficultés en traduisant certaines phrases !

Ils sont gothiques, et cette nuit va bouleverser leur vie

- Putain comme ça en jette, dit Jail à ses frère et sœur de sang. Jamais vu de nuit comme ça !

- C'est comme la première nuit du monde, balbutie Joy toute bouleversée. J'en crois pas mes yeux.

Seul Jude, le troisième, ne dit rien. A croire que l'émotion le cloue sur place, il fixe hypnotisé le ciel violet confit d'étoiles prune.

- C'est l'endroit idéal pour faire nos incantations, affirme Jail qui est le chef des trois. Ici, on peut pas être plus près de Satan.

- Mon Maître, élucubre Joy en se signant à l'envers. Ça me fait quelque chose, c'est tellement beau !

Dès lors, avec leurs yeux orange et leurs mains noires, ils invoquent le ciel en proférant leurs incantations.

Ici, dans le vieux cimetière désaffecté, parmi les sépulcres fracassés aux croix de ferraille, ils prient à genoux, les yeux fermés, se balançant d'arrière en avant.

Maître de la nuit obscure

Tous les trois te demandons l'immortalité

Prends notre âme

Offre-nous l'immortalité !

- Mena, conclut ici le troisième, Jude, très beau gothique aux yeux noirs, à la peau dorée.

"C'est pas tout ça, dit Jail en regardant autour de lui, est-ce que ça a marché ? - Comment être sûr à cent pour cent ? "

Les trois se relèvent, ici et maintenant, sous le ciel violet confit d'étoiles prune. Et les tombes qu'on entend vagir doucement, comme le nouveau-né, comme le moribond, comme la bête, mais laquelle ? - Jail et Joy échangent un regard, pas trop tranquilles, et même un peu inquiets.

Une espèce d'aura lugubre se lève de la plus proche tombe ouverte, cependant que vagit le mort dont ne se voit qu'un hâillon malodorant et qui tombe en poussière. "Allons-nous-en d'ici, dit Joy avec un tremblement dans la voix. Cet endroit me fait peur, c'est vraiment flippant ! "

Jail tombe d'accord avec Joy. Saisissant sa main toute roide il la tire vers la sortie. Lorsque l'aura vagissant toujours se dresse sur son séant, les yeux et la bouche en feu ! Oh non ! Ils sont vraiment trop près du hâillon qui sent mauvais et prend une apparence humaine ! Il est maintenant debout, tout droit, comme une croix, et brasse l'air avec ses bras !

Rhâââââââ ! crient ensemble Jail et Joy mais les forces leur manquent pour se mettre hors de portée du hâillon, alors même qu'il crache dans l'air son souffle de feu !

Seul, Jude ne bronche pas.

Maître de la nuit obscure, récite-t-il d'une voix caverneuse, pour moi seul je te demande l'immortalité, possède-moi, prends mon âme, et donne-moi l'immortalité !

Sitôt qu'à parlé Jude, le hâillon au rictus effrayant, le feu lui sortant des orbites et de la bouche, se transforme en spirale enflammée, et Jude en ouvrant les bras le recueille en son sein !

Alors, du ciel chutent les étoiles avec le feu de Satan, des tombes ouvertes s'exhument les morts-vivants, et la terre crépite d'étoiles, les étoiles qui font des trous dans la terre, d'où s'échappe le souffle brûlant de Satan ! Au centre, immense, beau comme le démon aux yeux noirs, la peau en feu, Jude se porte vers Jail et Joy, ricanant horriblement tel un monstre, si beau, si fort, que meurent les deux autres sur le champ !

Et des étoiles noires dans les mains, à la tête de la nuit obscure et des esprits effrayants, Jude se dirige vers la ville proche, l’œil injecté de sang, la voix d'outre-tombe des morts-vivants incoercibles, aussi beau que le soleil en pleine nuit !

Et il proclame, dans les rues de la cité :

Je suis la nuit obscure, sans âme, mais immortel ! Entendez-moi, JE SUIS SATAN !

(c) Thaddée, le 30 octobre 2014

... Eh bien, vous me croyez si vous voulez : je préfère de loin la première version !

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Mise en ligne d'une mini-nouvelle

Publié le 13 Octobre 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain

Bonjour à vous mes ami(e)s,

aujourd'hui je commence à mettre en ligne une mini-nouvelle écrite ce matin en moins d'une heure. Un bon moyen de ne pas la perdre au milieu de mes innombrables paperasses comme les précédentes.

Il s'agit d'un dialogue. Je le fractionnerai en plusieurs parties pour que ce ne soit pas trop pesant à lire.

Je ne sais pas du tout comment m'est venue l'idée d'écrire ce texte. Tout a commencé un soir alors que j'étais au lit, les premiers échanges entre un petit garçon et un adulte m'ont traversé l'esprit. Tout à l'heure j'ai voulu les noter ... la suite est venue toute seule.

Je ne sais pas ce que ça vaut, c'est du produit-express, mais il me permet de renouer avec l'écriture qui s'était méchamment détournée de moi.

J'hésite toujours à faire lire ce que j'écris (mise à part la poésie) parce qu'il me semble que ce n'est jamais assez bon. Mon côté perfectionniste entrave toutes mes envies de publication. Mais à trop vouloir bien faire, le problème, c'est qu'on ne fait plus rien. Alors je me jette à l'eau, et je partage avec vous, dès aujourd'hui, ma mini-nouvelle qui s'intitule : Le secret.

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Alternative à l'édition traditionnelle

Publié le 11 Octobre 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain

Salon du Manuscrit, un projet qui vient de loin

Bénédicte Vidor, fondatrice du Salon du Manuscrit
Bénédicte Vidor, fondatrice du Salon du Manuscrit

L'idée a germé dans les années 80. Elle s'est ensuite concrétisée dans un vieux local d'une ruelle de Saint-Georges à Lyon. Les premiers livres ont été édités. De nos jours, c'est une entreprise qui fonctionne grâce à l'esprit énergique et déterminé de sa fondatrice Bénédicte Vidor.

Le concept, original et porteur

On le sait : publier un premier livre, pour un auteur débutant, c'est le parcours du combattant. En France, 1 personne sur 4 écrit : c'est beaucoup, et cela représente une richesse culturelle incontestable. Mais c'est un miracle si les maisons d'édition vous répondent oui. En général, c'est non, et sans explication. 

Le Salon du Manuscrit offre aux auteurs une vraie chance de se voir publiés. Bénédicte Vidor, ancienne professeur de philosophie (d'une nature turbulente et incontrôlable dans sa jeunesse ;-) a pensé à un tout nouveau concept d'édition participative, dans laquelle interviennent internautes, lecteurs ou néophytes, lesquels donneront leur avis sur les manuscrits qu'ils lisent. Si l'ouvrage n'est pas publiable, on vous expliquera pourquoi. S'il l'est ... il sera publié à compte d'éditeur, et l'auteur sera rémunéré à 10% des ventes comme dans les maisons d'édition traditionnelles.

Les genres que privilégie Bénédicte Vidor, directrice du Salon du Manuscrit :

  • la fiction
  • la poésie

A noter que le Salon du Manuscrit ne publie pas les auteurs auto-édités. Dommage, mais c'est la règle du jeu, et telle que je connais Bénédicte Vidor, elle n'y dérogera pas. Vous voulez en savoir plus ? - Connectez vous à l'adresse que je vous donne ci-dessous, et lancez-vous : vous n'avez rien à perdre et tout à gagner.

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Il y a sept ans, le 07-07-07

Publié le 7 Juillet 2014 par Thaddée dans Poésie 1980-2009 Crypties, Une vie comme les autres, Journal d'un écrivain, Poésie Ex-il

Il y a sept ans jour pour jour, le 7 juillet 2007 (07.07.07) j'écrivais un texte intitulé Flagrances et déflagrations. De très anciens souvenirs, une incompressible souffrance, à cette époque-là, me tordaient les tripes. Pour crever l'abcès j'ai tenu deux journaux intimes dans lesquels j'ai revécu cent fois le même événement pour tenter non seulement de l'élucider, mais surtout dans l'espoir d'exorciser les démons qui me tourmentaient sans relâche. Aujourd'hui, je puis affirmer qu'à travers l'écriture et le travail douloureux que j'ai fait sur moi-même est venue la délivrance. L'apaisement a succédé aux crises d'angoisse et à la dépression. Je peux vivre sans me vomir et vomir l'individu qui se trouvait être à l'origine de mon calvaire. Individu dont je n'ai pas retrouvé l'identité, malgré des recherches acharnées. Individu dont j'ignore même s'il est l'auteur de ce dont je l'ai longtemps accusé. Au terme de plusieurs années d'enquête et de réflexion, j'ai fini par conclure au non-lieu. Non que ce fût un faux-souvenir à proprement parler. Mais quand une victime s'implique, consciemment ou pas, dans des actes, faits et gestes dont elle sent, confusément, qu'on pourrait les lui reprocher, elle n'est plus vraiment une victime : elle devient complice des agissements perpétrés contre sa personne.

Dali, Cabinet anthropmorphique

Dali, Cabinet anthropmorphique

[…] et pour moi, je l’avoue, je n’aime pas si je ne suis blessé.

Ovide, l'art d'aimer

Maussades insomnies tâtonnant dans le noir à mains nues livrées au désespoir d’étreindre le vide

En manque pour de bon d’épuisement physique où se résoudrait l’exécrable tension du désir et des excitations stériles

Ô morbides errements de viscères frustrés qui geignent comme un chien qu’on aurait éreinté

Pleine lune de mon cul sur les autels profanes aux cités dévastées des peuples cannibales je veux qu’on le dévore cru quitte à damner mon âme

en cette nuit qui sue par mes pores éplorés qui refond à la forge un corps tout déformé par la soif et la faim paniqué d’être nu

qui me prend à la gorge de n’être trois fois rien dans ces vastitudes éperdues qu’haletant dans mes rythmes incantant à l’hystérique torchis de mes muscles esquintés

L’érotisme en secret sous le vasistas ouvert des sanitaires jaunes une chaîne un fond d’eau pour l’esprit qui disjoncte une fièvre un fournil

un famélique abandon de toutes les secondes à genoux sur le carreau pour écarter quatre murs à deux mains

Se flageller d’injures à n’en savoir que dire à part je me souviens de ce qu’on fait de pire à ce pauvre être humain

qu’on torture et qu’on viole en veux-tu en voilà si c’est ça ton destin et consentant en plus puisque t’y comprends rien

Mais féroce insomnie qui veille au bon grain pour que le jour qui vient se lève sous de meilleurs auspices si je t’aime pour le moins jure-moi

de ne me faire de mal que pour me faire du bien

J’ai subi de terribles sévices au point d’en perdre le sens j’adorais mon bourreau j’adorais mon supplice et depuis ce temps-là tout le monde et tout y ressemble

J’ai besoin d’épectases et qu’on tape à la trique où je sursauterais de trop dis-moi tiens-toi tranquille que je ferme les yeux pour trouver le repos.

► Flagrances et déflagrations - 7/7/7- Crypties 1980-2009, P. 65, 66, 67 (c) Thaddée Sylvant

NB - Exceptionnellement, j'ai décidé de fermer les commentaires sur cet article, ne souhaitant pas débattre publiquement du sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Je vous demande instamment de bien vouloir respecter mon choix : veuillez ne pas le commenter sous un autre article. En vous remerciant de votre compréhension.

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Mettez-moi sur pause

Publié le 6 Juin 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain

Mettez-moi sur pause

Je sais. J'ai passé trois heures au bas mot, hier matin, à tenter d'expliquer pourquoi je ne donnais pas suite à l'écriture de mon roman. Ce matin : irrésistible besoin de m'y remettre. On verra bien. J'ai modifié le dernier passage. Remis en scène un personnage qui restait à l'arrière-plan. J'ignore ce que ça va donner, si je vais m'y tenir ou renoncer. Je me sens dans un état de tension physique et cérébrale à la limite du supportable parce que je veux et n'ai pas encore recouvré les moyens de le pouvoir. On m'a expressément conseillé de me reposer mais comment faire pour m'arrêter de penser ? - Mettez-moi sur pause, comme un Real Human (Arte, le jeudi).

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Le huis clos : c'est mon truc

Publié le 5 Juin 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain, Filmographie

Buried : Le synopsis qui tenait sur un timbre poste

Jeudi 5 juin 2014, le matin - Comme je suis malade et que je n'avais pas à me lever de bonne heure ce matin, si ce n'est qu'il me fallait quand même aller faire une prise de sang à jeun, je me suis autorisé à regarder le film que diffusait hier soir France 4 après 22:30. Au passage, je salue cette chaîne qui ne nous assassine pas de quinze minutes de publicité tous les demi-heures.

J'ai donc regardé Buried après avoir passé une heure trente devant 127 HEURES qui m'avait déjà vu me cacher les yeux plus souvent qu'à mon tour pour échapper aux scènes particulièrement insoutenables, et je n'en dirai rien car le film entier repose sur la scène la pire qui soit. Mais je n'avais encore rien vu.

Buried. Un anonyme en dit sur la toile que c'est : un synopsis qui tient sur un timbre poste. Et je suis bien d'accord : un seul personnage pendant une heure trente ; un seul endroit : la caisse dans laquelle il est enterré vivant, quelque part sous le sable du désert irakien. La seule chose qui peut lui sauver la vie, c'est le téléphone portable qu'ont laissé dans la tombe ses ravisseurs. Dès les premières images, sans image d'ailleurs, on n'entend que son souffle, se précipiter quand il découvre l'horreur de sa situation, je me suis dit qu'être enterré vivant c'était encore pire que d'être retenu prisonnier par un rocher au fond d'une crevasse. Au moins, dans le dernier cas, on meurt à l'air libre. Que le camionneur basé en Irak, dans Buried, il agonise dans les affres de l'angoisse et de l'épouvante, livré à lui-même dans un espace exigu sans ouverture, enseveli vivant sous la terre.

6 pieds sous terre. 90 minutes d'oxygène. Un portable. Aucune issue.

On suffoque très vite à partager ses accès de colère, ses crises de panique et ses effondrements. Parce qu'on est avec lui, on vit avec effroi ce qu'il vit, enfermé dans une boîte tellement étroite qu'il ne faut pas songer s'y retourner ou s'y redresser. Il y a de la lumière, ouf - son briquet, une lampe électrique, un tube phosphorescent. Mais qui lui servent à prendre la mesure d'une tragédie personnelle sans issue.

Bien sûr, le film n'a pas été sans me faire penser au drame de mon Sans-Nom, condamné à creuser toute sa vie dans les galeries de la mine. Il n'a pas été non plus sans m'obliger à jeter un regard critique sur le roman que j'essaie de ficeler depuis maintenant deux mois.

Roman dont j'ai dû interrompre l'écriture à cause du surmenage. Il n'en reste pas moins que j'ai déjà rédigé trois cent cinquante pages et peut-être davantage et que, de ce fait, je me trouve plus près de la fin que du début. N'empêche que : à cent pages du dénouement, la machine se bloque et n'arrive plus à redémarrer. Il y a plusieurs raisons à ça : l'épuisement physique et intellectuel ; le besoin de faire une pause et de prendre du recul ; mais aussi, et ce n'est pas moindre, la conscience, quoique encore confuse, d'avoir escamoté le fond de l'histoire, à savoir : l'atmosphère irrespirable et le sentiment d'oppression qui devraient sévir à chaque ligne et même entre les lignes.

En voulant m'attacher à la personnalité débordante de mon personnage, en m'attachant à ses émotions, à ses relations avec les autres, ainsi qu'à ses déboires personnels qui, pour n'être pas anodins, n'auraient pas dû pour autant devenir prioritaires, j'ai laissé dans l'ombre tout ce qui se passe autour de lui en termes d'enfermement, d'isolement, de désespoir et de folie.

Ainsi, ressortent du tableau le caractère et le destin personnel d'un seul homme alors même qu'il lui faut maintenant entrer dans un mouvement plus universel dont il a été peu question tout au long de l'histoire, tout au plus sous forme d'anecdotes si furtives, si furtives, que je me maudis d'avoir pris autant de distance avec des faits majeurs qui seuls, expliqueraient l'attitude et la décision de mon personnage central à cent pages de la fin.

David G. HoDavid G. HoDavid G. Ho

David G. Ho

Il m’apparaît encore que nous ne sommes pas tous aussi doués que Faulkner ou Stephen King pour mettre en scène un nombre incalculable de personnages auxquels on se doit, par honnêteté vis-à-vis du lecteur, de donner une vraie dimension dramatique, fût-il un passant ordinaire. Ce que j'admire le plus chez Stephen King, c'est que dans aucune de ses œuvres il n'y a de personnage secondaire ou falot : ils jouissent tous d'un physique scrupuleusement détaillé ; ils ont la richesse psychologique de tout être vivant. Il sait les amener tour à tour sur le devant de la scène en pleine lumière. Il s'en va les rechercher quand nous, lecteurs, nous les avons presque oubliés.

Je ne peux pas en dire autant de moi, qui me suis fait submerger une fois de plus par le surnombre sans visage et sans énergie. Mes armées de fantômes n'arriveront pas au bout du combat que j'ai prévu pour eux.

J''ai coutume de dire que je suis l'auteur d'un seul livre : entendez par là mon récit Fragments d'une vie brisée, qui conte le destin tragique d'un jeune esclave vendu par son maître, pour refus d'obéissance, aux mines de plomb argentifère du Laurion. Personnellement ça m'embêterait un peu de n'être l'auteur que d'un seul livre, d'autant plus que j'en ai écrit beaucoup, même si la plupart sont restés et resteront dans l'ombre. Il serait mieux venu d'affirmer que je suis l'auteur d'un seul personnage. A défaut de talent pour entrer dans l'action, faire de l'épopée, déménager tout un peuple et le conduire à la liberté, j'aime à penser que ma littérature est finalement et définitivement très French : j'aime à sonder l'âme de mes protagonistes, lesquels sont égoïstes et contemplatifs comme moi. Dieu me pardonne.

Huis clos (figuré) : Confrontation entre des personnes qui sont isolées du monde extérieur.

Wiktionnaire

Ainsi, je n'ai pas dit mon dernier mot. Sitôt que j'en aurai fini avec la douleur qui me chauffe le crâne, lamine mes forces, et me tourne l'humeur comme c'est pas Dieu possible, je me mettrai sur un nouveau roman qui saura faire appel à ce que je sais faire : du psychologique, du relationnel, du dramatique et de l'asphyxiant. Ainsi soit-il, puisque il ne peut en être autrement. Je n'ai aucun regret de devoir laisser de côté un roman de plus qui restera par la force des choses inachevé. Peut-être ai-je eu le tort, en le rédigeant ces deux derniers mois, de lire Stephen King et Philippe Djian, mes maîtres littéraires en quelque sorte, même si j'en ai bien d'autres, même si certains me font pâlir de jalousie, même si je mesure ma pauvreté à l'aune de leur puissance narrative. Je crois qu'un auteur, un créatif quel qu'il soit, tout au long de son existence est à la recherche de l'oeuvre dont il pourra dire : Là, vraiment, c'est moi. Là, vraiment, c'est bon. Je peux mourir tranquille. J'ai fait ce que j'ai dû. Mais comme dit ce proverbe dont l'auteur m'échappe : "N'attends pas d'être parfait pour commencer à faire quelque chose ".

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Prisons et châteaux

Publié le 1 Juin 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain, Filmographie

Capture d'écran, Da Vinci's Demons, Saison 1, épisode 6

Capture d'écran, Da Vinci's Demons, Saison 1, épisode 6

Hier soir j'ai pété les plombs. Encore une fois. Ca m'arrive beaucoup ces derniers temps, j'ai les nerfs à cran, j'aurais besoin de repos après un mois de mai particulièrement tumultueux. J'ai pété les plombs disais-je parce que la TNT14 nous a collé un tournoi de tennis à la place de Da Vinci's Demons et qu'il a fallu attendre une heure qu'ils posent leurs raquettes avant de pouvoir, enfin ! profiter de la série programmée. Quand je pense qu'il y a des chaînes spécialisées dans le sport, je ne vois pas pourquoi on infeste les chaînes publiques de politique, sport et publicité qui donnent tout simplement envie de passer le poste par la fenêtre.

Après ce préambule un peu chaud j'en arrive au sujet qui nous intéresse aujourd'hui - du moins, qui m'intéresse moi tout en espérant qu'il retiendra l'attention de quelques visiteurs égarés sur mon site. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire il y a quelques jours, je suis avec le plus grand intérêt cette émission américaine même si elle ne représente pas, loin s'en faut, De Vinci tel que je me plais à l'imaginer, noble vieillard enfermé dans ses visions futuristes, alter ego italien de notre Jules Verne national. J'éprouve une irrésistible fascination non pas pour Tom Riley, lequel me semble indiscutablement parfait dans son rôle de fou du Roy, mais pour l'acteur qui incarne le Turc, à cause, je l'ai déjà dit, de son regard incroyable, pour ainsi dire indescriptible, dévoré par le feu ; non moins que la sidérante noblesse de ses traits. J'ai rarement vu un homme d'une telle prestance et d'une telle beauté. Je pourrais regarder quatre heures d'affilée de cette série rien que pour connaître l'émotion de le voir trois minutes à l'écran.

Mais comme toujours je m'éloigne de ce que pourquoi j'ai décidé ce matin de rédiger un article. Dans l'épisode 6 de la saison 1, le premier des trois à être passé hier soir avec une heure de retard (et on paie la redevance audiovisuelle) il y a un passage singulièrement puissant qui montre un prisonnier enchaîné à l'intérieur d'une architecture métallique traversée par des barres de fer et des armes tranchantes. A la vue de cette construction pour le moins hallucinante, j'ai immédiatement pensé aux figures géométriques d'Escher et sitôt que j'eus ouvert l’œil ce matin, d'aussi mauvaise humeur qu'hier à cause d'une fatigue récurrente, j'ai cherché sur Internet des figures similaires et de là, j'ai découvert deux articles tout simplement ahurissants dont je vous fais part en espérant qu'ils saurant piquer votre curiosité.

Construction géométrique : lire à partir de la minute 10 → minute 13

Attention : la violence psychologique de la scène est de nature à heurter les plus jeunes et les personnes sensibles. Merci de tenir compte de cet avertissement.

Avant de vous signaler les deux sites en question, je me permets de mettre en ligne deux œuvres d'Escher. Celle de gauche représente une série d'escaliers de secours en cas d'incendie ; il s'agit d'une photographie de James Maher qui tend à renforcer le graphisme asphyxiant des lignes de fuite et perspectives obliques. L'oeuvre de droite montre une structure tridimensionnelle qui m'est chère, c'est l'idée rassurante que je voudrais me faire de l'espace, ordonné, fortement étayé par un solide échafaudage d'où ne s'échapperait plus cette horreur de néant sans queue ni tête, ni début ni fin, où restent en suspens par la grâce de Dieu les planètes et tout ce qui leur tourne autour en termes d'étoiles et de poussière. Bref. J'ai découvert ! et j'en ai encore le souffle coupé.

Prisons et châteauxPrisons et châteaux

La spécificité des cristaux (comme le sel, le sucre, le diamant, et de façon générale, tous les minéraux) est de présenter une structure périodique parfaitement ordonnée à l'échelle atomique. Le sel de table par exemple, le chlorure de sodium, est constitué de milliards de "petits cubes" qui ressemblent à ceci (les boules vertes représentent les atomes de chlore et les boules bleues, les atomes de sodium).

Poussant plus loin mes investigations sur les constructions géométriques, quelle ne fut mon enthousiasme et mon admiration ! - lorsque j'ai découvert ce site que je vous recommande tout particulièrement si vous avez envie d'avoir votre part de rêve en ce premier dimanche de juin. N'est-ce pas merveilleux, de construire des cubes avec du sable !?

Château de sable géométrique construit par l'artiste new-yorkais Calvin Seibert

Château de sable géométrique construit par l'artiste new-yorkais Calvin Seibert

Entre le cauchemar de la sphère carcérale et les châteaux de sable il y a bien évidemment tout un monde où se tient mon propre univers mental et romanesque. A ce propos, mes trouvailles matinales pourraient bien donner un second souffle à mon écriture, en panne depuis quelques jours à cause d'un épuisement cérébral et physique, conséquence incontournable d'un travail à plein temps, dehors, dedans, non stop ... jusqu'à ce que ça craque. Il n'est pas un roman qui ne m'ait rendu malade à force de travail et d'émotion, donc rien d'exceptionnel au fait que je sois aujourd'hui sur les rotules et dans un état proche de l'explosion.

A noter, pour sauter du coq à l'âne comme il convient, que l'épisode dans lequel l'Abyssinien est enfermé dans une cage sphérique est sans doute inspiré de ces cages qu'on appelle des fillettes. C'est là que croupissent sans procès, sous Louis XI, entre 1461 et 1483, tous ceux qui ont le malheur de s'opposer au roi. Plus précisément : les fillettes sont les fers et chaînes munies d'une lourde masse de fer à leur extrémité et fixées à des anneaux enserrant les chevilles avec lesquels Louis XI faisait enchaîner ses prisonniers (comme le cardinal Balue), et non, selon Philippe de Commynes, le biographe de Louis XI, des cages de fer suspendues, la confusion étant faite entre ces cages (elles n'auraient concerné que trois personnes) et des cellules fermées. - Wikipédia

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Tous ces rêves avortés

Publié le 31 Mai 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain

Lettre à une amie triste

Tous ces rêves avortés

L'écriture continue, chaotique, secouée d'incohérents soubresauts, comme si je n'étais qu'à moitié là, pas tout à fait à mon travail, plutôt en état de léthargie. Le tragique de l'histoire c'est que je veux et ne peux pas. Mais il me semble que quelques jours de repos intellectuel feront l'affaire et me remettront en selle. Ce matin j'ai rédigé la valeur de six pages dont je ne sais pas ce qu'elles valent. Je n'ai plus assez de recul pour en juger. J'ai corrigé certains passages antérieurs. J'essaie de voir ce que ça va donner.

Pour ainsi dire je m'essouffle et je n'ai plus assez de lucidité pour poursuivre ce que j'ai si bien commencé. Mais peut-être que je me trouve simplement devant un épisode fort cruel de mon roman pour lequel je ne peux me permettre la moindre faiblesse. Alors j'attends.

Ce n'est pas un mauvais jeu de mots que de dire que dans sa pente descendante, entendons l'approche de la fin, le terrain est glissant. Il n'y a pas toujours moyen de se raccrocher aux herbes. Un faux pas, un faux mouvement, et vous êtes bon pour le cimetière des œuvres inachevées.

Il va me falloir, j'en ai peur, quelques jours avant de me remettre mon livre. Je connais bien cette sensation d'impuissance et je ne m'affole pas outre-mesure. Ce temps mort peut me permettre d'écrire quelques poèmes, voire, pourquoi pas, une nouvelle.

Je me souviens d'un roman que j'avais mis de côté des années durant pour le terminer d'une traite après tout ce temps. A l'époque, une amie voulait le publier dans sa petite maison d'édition mais impossible de caler le moindre rendez-vous professionnel, ce n'était pas sérieux, j'ai laissé tomber. Ce n'est là qu'une des nombreuses déconvenues qui jalonnent mon parcours d'écrivain raté.

Tous ces rêves avortés

Je voulais faire boum à vingt ans comme Rimbaud. J'ai même rencontré à Paris un spécialiste de Rimbaud, Alain Borer, qui m'a donné son ancienne adresse à Charleville où j'ai séjourné, pas loin de l'ombre froide et noire des forêts, entre Meuse et moulins.

Alain Borer (source inconnue) →

J'arrive à mon âge sans qu'un éditeur ait jamais voulu se pencher avec bienveillance sur ma littérature. Je me suis fait rattraper par Internet, par la réalité d'aujourd'hui qui dépasse l'imagination d'hier, par la masse innombrable des gens qui se targuent d'écrire et qui ne sauraient pas épeler correctement le mot orthographe.

Je n'en veux à personne, je n'en veux plus même à moi-même. Ai-je l'impression d'avoir loupé quelque chose ? - Oui. Mais il n'est pas trop tard.

Tous ces rêves avortés

Hier soir, le ciel était d'un bleu tout simplement improbable tellement qu'il était pur et piquée dedans, pour seule parure, une unique étoile un peu dingue, avec toutes ses aiguilles qui tiraient dans tous les sens. On se serait cru dans le désert.

J'ai trouvé le sommeil avec cette image-là fichée dans la tête. Ce matin au réveil je l'avais oubliée. Elle a resurgi sous mes doigts lors que j'écrivais. Nous avons plein de souvenirs comme ça qui s’anéantissent dans des trous noirs de notre crâne et qui revoient le jour au moment où nous nous y attendons le moins. Certains, dans un flux de souffrance. Et d'autres, nous rendre confiance en demain. (← Cabinet anthropomorphique, Dali, 1936 )

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Je suis la mer d'Aral

Publié le 29 Mai 2014 par Thaddée dans Journal d'un écrivain, Photo et Vidéo

La seule chose que je cherche finalement, c’est de faire ce que je suis, et d’être humblement ce que je fais …, ce n’est déjà pas facile, nous nous fabriquons tellement de facettes, qu’il y est parfois difficile de se retrouver soi-même ...

Bernard Maignan

Je suis la mer d'Aral

Vous voyez ce que c'est la mer d'Aral ? - Cette mer asséchée par la folie des hommes, qui fait pitié à voir avec toutes ces épaves et ces poissons fossilisés dans sa poussière. Eh bien je n'en suis pas loin. Mon inspiration s'est asséchée du jour au lendemain, et même d'une minute à l'autre, sitôt que j'eus entendu le trait morbide et choquant d'une certaine personne auprès de laquelle je travaille, et que je ne peux répéter ici. Une image de mort si glaçante qu'elle a généré comme une onde de choc à travers tout mon être, et que ce matin même en ouvrant les yeux c'est elle, maudite image, avec tout ce qu'elle suggère, qui m'a souhaité le bonjour.

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Et j'ai marché, marché ... pas sur cette plage mais dans les rues baignées de lumière pour me délivrer de ce frisson, de cette sensation de froid, de ce stress dont je ne viens plus à bout tant il est flagrant, qu'autant qu'on puisse oeuvrer pour le bien de certaines personnes, elles sont irrécupérables, et soit dit en passant ne songent qu'à vous faire du mal.

Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je balaierai d'un geste la mer d'Aral et sa poussière, les bateaux morts et puis le reste.

La vie est là, simple et tranquille. Et le ciel bleu par-dessus les toits. Visez-moi un peu ces petits pots de fleurs comme ils savent nous faire un clin d’œil et nous dire : Eh ben quoi. Tu flippes ? Alors qu'il y a tant de soleil et tant de couleurs. La fraîcheur du matin n'est-elle pas une bénédiction ? Faut-il vraiment que tu te gâches à ruminer, ce beau jeudi de l'Ascension ?

Mazette. Oui. Parce que je ne peux plus écrire une seule ligne. Je ne suis plus là, comprenez-vous ? - Je suis dans un trou noir où tournoient les étoiles broyées. Je n'y peux rien. Je m'atomise.

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Hier au soir me venait l'idée que l'écriture ne pouvait pas tout dire. Mieux : elle ne doit pas tout dire. Son pouvoir de suggestion est de loin plus fort et plus évocateur que n'importe quelle interminable et fastidieuse description. Ainsi, plutôt que de récurer à la petite cuillère certaines séquences du roman, dont le développement stériliserait l'imagination de mes lecteurs (si tant est que j'en ai) je me limite à quelques mots (dont on sait qu'ils peuvent générer une image glaçante, voir plus haut). C'est alors qu'il va falloir au lecteur être d'une extrême vigilance, car ces quelques mots d'une importance capitale sont disséminés dans l’épaisseur du texte et décident à eux seul de son orientation vers un dénouement certain.

Je suis la mer d'Aral

Le détail touche plus que la totalité. La plénitude est dans le fragment, qui ne manque ni de sens, ni de profondeur, et qui dit ce qui n'est pas dit mieux que si c'était écrit noir sur blanc. Venez à moi les petits enfants que je vous conte à demi-mot la caresse du soir, l'ébauche d'une mâchoire, la reptation des corps, et l'indicible silence où tout cela va s'engouffrant comme la mémoire elle-même, ô, ne pas écrire ce qu'il en est, n'est-il pas encore plus fort et plus beau que le crier sur les toits ?

Photo du 29 mai 2014 au matin

Photo du 29 mai 2014 au matin

Peut-être qu'au fond, la seule chose que je cherche c'est de retarder l'instant fatidique de la fin, qui me verra les mains vides (entendez sans mon bic) et la tête encore plus. Ou bien je me prépare à l'assaut final. Ou bien, ai-je simplement besoin d'une pause, et de rassembler mes forces et mes esprits. L'écriture d'un livre n'est pas de tout repos qu'on se le dise. Je ne vais pas m'en plaindre : je ne vis (presque) que pour ça. Le tout c'est de se rendre disponible de corps et d'esprit et pour l'heure, je ne le suis pas.

A gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine DebardA gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine Debard

A gauche, homme de Bernard Maignan. A droite, l'homme-oeuf de Karine Debard

A celles, à ceux qui me font le bonheur de passer par ici je souhaite un agréable jeudi de l'Ascension. Dans l'après-midi je me bloquerai un moment pour lire vos commentaires, y répondre, et vous rendre visite à mon tour. A tout à l'heure, je vous embrasse.

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